Les textes qui suivent sont extraits d’entretiens tenus par (Swami Chatanananda, auteur d'Immobilité dynamique (Dynamic Stillness) - Swamiji - dans deux contextes différents. Les dimanches matin, Swamiji s’assied avec les étudiants et les visiteurs de l’Institut et répond à leurs questions concernant la pratique de la méditation qu’il enseigne. À ce moment, les gens sont invités à exprimer toutes les questions qui leur viennent à l’esprit. Ensuite, le soir après l’enseignement de la classe de yoga de la kundalini, Swamiji donne parfois quelques courts entretiens. Les sélections de ce livre sont tirées de ces deux contextes et couvrent la période de janvier à juin 1987.

En les lisant, vous remarquerez qu’elles semblent arrangées dans un ordre aléatoire. Cela est voulu, pour plusieurs raisons. La première, c’est que lorsqu’elles sont groupées par thèmes, elles tendent à apparaître comme systématiques et formelles, ce qui n’est pas cohérent avec l’approche même de Swamiji. Plus encore, on finit par perdre les distinctions subtiles existant entre les textes traitant de thèmes similaires.

Nombre de ces pièces sont des réponses données à l’adresse d’une personne située à un certain niveau de compréhension et d’expérience dans la pratique. Cela donne une couverture multitonale d’une variété de sujets. Ne prenez donc pas chacun d’eux comme simple note, mais comme des fréquences plus ou moins élevées, plus ou moins hautes ou basses qui, lorsqu’elles sont rassemblées, créent une corde résonnant à partir d’une idée centrale.

J’aimerais exprimer au lecteur français les raisons qui m’ont poussé à traduire cet ouvrage, alors que je ne suis personnellement aujourd’hui engagé dans aucune démarche comparable à celles évoquées dans le livre. C’est la traduction des textes de Rollin Becker, ostéopathe américain, élève direct de Sutherland, fondateur de l’ostéopathie crânienne, qui m’a amené à m’intéresser à Swami Chetanananda (Swamiji).

Dans la préface du second recueil de textes de Rollin Becker The Stillness of Life (L’immobilité de la vie), Rachel Brooks qui a côtoyé de près Becker et a rassemblé et édité ces textes, écrit ceci : « Ma profonde gratitude envers mes enseignants, Swami Chetanananda et Rollin Becker. La grande affinité et le grand respect qu’ils avaient l’un pour l’autre ont créé pour moi un chemin extraordinaire pour avancer ; ils ont inspiré tout ce travail. Ces sentiments sont exprimés dans une dédicace écrite par Chetanananda : ‘ … à Rollin E. Becker dont nous apprécions particulièrement l’œuvre. Il a profondément servi l’humanité en démontrant le potentiel guérisseur de l’Immobilité Dynamique.’ »

Voilà qui indique clairement que Becker et Chetanananda se connaissaient et s’appréciaient et qu’ils ont donc dû échanger sur les concepts philosophiques et spirituels qui leur tenaient à cœur. Or, je considère Rollin Becker comme un maillon fondamental de la transmission de la philosophie ostéopathique partant de Still et passant par Sutherland (initiateur du concept crânien en ostéopathie). L’un et l’autre considèrent l’être humain comme un être spirituel, mais ils ne nous donnent aucun « outil » pour faire entrer cette spiritualité dans nos séances. Selon moi, Rollin Becker est le premier ostéopathe qui permet cela et, à l’évidence, il a pu le matérialiser grâce à son contact avec Swami Chetanananda.
Peut-être Rollin a-t-il suivi un temps les enseignements de Chetanananda, je ne sais pas. Ce qui m’a intéressé, c’est de suivre la lignée, de remonter vers la ou les sources de certains des propos ou allusions de Rollin, notamment ses propos relatifs au Partenaire Silencieux, afin de mieux comprendre sa démarche et sa manière d’être avec les patients et ce qu’il cherchait à transmettre.

Par ailleurs, un des courriers présentés par Rachel Brooks (16 mai 1978), concerne un échange entre Becker et un certain Swami Ram Baba. Il s’agit en fait de Swami Muktananda (1908-1982), gourou hindou, disciple de Bhagawan Nityananda, qui a initié Swamiji (voir plus haut la préface de Linda Barnes). Il s’agit donc d’une lignée d’enseignement, lignée qui a directement inspiré Becker et c’est la raison pour laquelle je m’y suis intéressé.

Aucune traduction des ouvrages de Swamiji n’existant en français, je me suis attelé à celle de cet ouvrage. Malgré le travail important que cela représente, la traduction de textes fondamentaux, réserve souvent beaucoup de cadeaux au traducteur. Une des raisons en est qu’il n’est pas question, dans la traduction, de rester superficiel comme peut l’autoriser une simple lecture. Traduire, impose de chercher à comprendre le plus finement possible la pensée de l’auteur et donc oblige à « creuser » pour le rejoindre au plus profond de sa conscience. Et la traduction des textes de swami Chetanananda a été pour moi, pleines de « cadeaux » que j’aimerais partager.

En même temps, cette pensée rejoint celles de nombreux auteurs que j’ai étudiés dans ma quête d’ostéopathe, notamment pour la rédaction des livres 1 et 2 de l’approche tissulaire. Cela m’a donc conforté dans ce dont j’avais déjà conscience et expérimentais dans mon chemin quant à l’approche tissulaire, conforté dans l’idée que ce que tente de transmettre Rollin Becker, l’union à la Source, est très similaire à ce que nous proposons dans l’approche tissulaire.

Maintenant, est-il nécessaire de lire Chetanananda pour avancer sur ce chemin ? Je n’en suis pas certain, dans la mesure où bien d’autres auteurs francophones nous délivrent un message similaire. Je pense plus particulièrement à Arnaud Desjardins (1925-2011) avec ses Chemins de la sagesse, En relisant les Évangiles, Les formules de Swâmi Prajnanpad, entre-autres. Je pense également à Satprem (1923-2007) avec Sri Aurobindo ou L’Aventure de la Conscience et Le Mental des cellules, entre-autres également. Mais il en est assurément beaucoup d’autres que je ne connais pas forcément. Dans tous ces ouvrages existe quelque chose d’universel qui cherche à se transmettre : notre nature fondamentalement divine.

Les allusions de Rollin Becker renvoient également à d’autres auteurs, et notamment à Joël Goldsmith (1892-1964) et Walter Starke, un de ses disciples. Deux mystiques américains qui développent des idées et une spiritualité similaires, mais exprimées dans la tradition biblique occidentale. Dans The Mystical I, et dans L’Evangile de la relativité (que j’ai également traduits), Goldsmith et Starke nous disent la même chose, avec des mots différents, ce qui, à mes yeux démontre l’unicité de cette vérité et donc son intérêt.