J'ai commencé ma formation à l'ostéopathie en 1971, mais je n'ai véritablement rencontré Still que dans la seconde moitié des années 1990, grâce à la lecture (ou plus exactement aux tentatives de lecture), puis à la traduction d'Autobiographie et de Philosophie de l'ostéopathie.
Cette rencontre, fut pour moi un véritable choc. D'après ce que j'avais entendu (et retenu) de ce qu'on m'avait dit de Still, je m'attendais à m'ennuyer ferme à la lecture d'idées et de thèses largement dépassées. Or, même si, je le reconnais volontiers, ses écrits sont marqués par l'âge, difficiles à lire (parce qu'écrits par un homme qui n'était sans doute pas un grand lettré), il émane d'eux un souffle extraordinaire, l'esprit de l'ostéopathie tel que Still la concevait, la vivait et voulait la transmettre.
« Par peur de fatiguer le lecteur en lui laissant croire qu'il n'y a pas de sagesse en dehors de ma famille, je dirais que la rivière de l'intelligence est aussi proche de vous et des vôtres qu'elle l'est de moi et des miens. Bien que, par chance, j'ai été le premier à tremper ma coupe dans le grand fleuve de l'ostéopathie, à boire et à leur donner ce fluide qu'ils savourèrent comme toutes les personnes intelligentes ayant bu à ce fleuve, le même courant coule pour vous. » (Still, 1998, 339).
Par ces mots, Still nous fait héritiers : ils nous propose de nous relier à la même source que lui et de poursuivre. Ce faisant, il nous fait héritiers dans l'être bien plus que dans l'avoir.