Les limites de l'ostéopathie

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Quelles sont les limites de l'ostéopathie ? Voilà une question que je ne me posais guère au début de ma pratique professionnelle, mais qu’au fur et à mesure de mon évolution personnelle et de celle de ma pratique (les deux sont pour moi indissociables), je n’ai cessé de me poser et que je me pose encore aujourd’hui…

pdf_button J’ai commencé à étudier l’ostéopathie dans le début des années 1970, grâce à deux personnages aujourd’hui quasiment inconnus : Francis Peyralade et René Quéguiner. À cette époque, en France, l’ostéopathie était enseignée à des kinésithérapeutes et notre apprentissage était donc logiquement centré sur nos préoccupations de kinésithérapeutes : l’aspect musculo-squelettique et plus particulièrement, les problèmes de colonne vertébrale. À nos yeux, les limites de l’ostéopathie étaient celles que nous lui assignions implicitement par nos formatages conscients et inconscients.

Pourtant, même limitée au corps physique, l’ostéopathie apportait une ouverture que j’ai trouvée formidable, notamment celle de la globalité. Je ne sais pas ce qu’il en est aujourd’hui de l’enseignement de la kinésithérapie, mais à l’époque, les concepts de globalité corporelle et d’interdépendance structure/fonction n’étaient pas évoqués. Fille de la médecine, la kinésithérapie morcelait l’individu et ne reconnaissait que rarement les implications mutuelles pouvant exister dans différentes parties du corps. Ainsi, même si nous la limitions au corps, l’ostéopathie repoussait déjà considérablement les limites quant à la manière d’envisager un individu vivant : un tout fonctionnel de la tête aux pieds. C’était déjà merveilleux et souvent plus efficace.

Des limites pas si nettes que cela…

Bien que très centré sur les difficultés musculo-squelettiques de mes patients, il arrivait de temps à autre que certains relatent des changements dépassant largement le cadre d’un travail musculo-squelettique : une sensation d’apaisement, de plus grande tranquillité, la disparition d’un état dépressif latent dont ils ne m’avaient pas parlé lors de l’anamnèse, parce que cela ne faisait pas partie de ce qu’est censé traiter un kiné.

Sur moi-même, après des séances d’ostéopathie, j’avais pu expérimenter des changements autres que simplement corporels. Je me souviens m’être à cette époque fait traiter plusieurs fois par Francis Peyralade et m’être senti le lendemain « plus intelligent ». Bien entendu, je n’étais pas plus intelligent, mais je ressentais une capacité à regarder les choses qui me préoccupaient avec plus de distance, de lucidité, une capacité accrue à relativiser, à assigner des importances plus saines, etc.

J’ignorais comment tout cela était possible, mais je ne pouvais pas ne pas remarquer des corrélations entre les changements corporels induits chez les patients et d’autres changements se produisant au-delà du corps. Cela étant, même si je distinguais une possible interaction, je n’avais pas d’emprise dessus, pas de causalité consciente et tout cela demeurait très aléatoire.