Les limites de l'ostéopathie - Démarche personnelle

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Démarche personnelle

Vers la fin des années 1970, en quête d’informations sur la vie, le vivant, etc., je lisais beaucoup. M’est alors « tombé entre les mains » un livre qui venait de sortir Le Cri primal, d’Arthur Janov1. La thérapie primale, présentée dans ce livre, a pour objectif d’amener le patient à revivre les souffrances profondes réprimées dans la petite enfance, voire pendant la grossesse, afin de comprendre les émotions et sensations qui le perturbent aujourd’hui.

Mon enfance n’a été ni problématique ni difficile, mais j’ai pensé que là se trouvaient peut-être des réponses à des questions existentielles qui me tourmentaient à cette époque de ma vie. Cela m’a poussé à me mettre en route pour une démarche que nous appellerons de développement personnel. Je n’ai pas trouvé à l’époque de praticien utilisant la thérapie primale. Il y en avait très peu et Internet n’existait pas… Je me suis orienté vers une démarche de type rebirth2, qui me semblait poursuivre des objectifs analogues. Associée à d’autres approches (notamment la PNL), cette démarche m’a fait vivre des aventures incroyables, que je n’aurais jamais imaginées et qui m’ont vraiment servi dans mon chemin d’être et, logiquement, d’ostéopathe.

Évidemment, j’ai revécu ma naissance. Elle n’avait pas la réputation (d’après ce que m’avait dit ma mère) d’avoir été particulièrement difficile. Eh bien en la revivant, je peux dire que si, c’était difficile ! Sur le plan physique, ce revécu m’a fait ressentir dans le corps les contraintes qui lui étaient imposées, qui n’étaient pas que crâniennes, ce qui m’a amené à modifier ma manière d’aborder les bébés en ostéopathie. J’explique cela largement dans le livre 1 d’approche tissulaire.3

Dans ce revécu, bien plus que l’aspect physique, c’est l’aspect émotionnel qui m’a surpris. De cet événement ont émergé des émotions particulièrement fortes demeurées enfouies en moi faute d’avoir pu s’exprimer, principalement la peur ; une peur profonde, viscérale, celle de la mort imminente. Quel soulagement que la libération de ces émotions !

Des ouvertures inattendues

Dans ces processus de démarche personnelle, d’autres expériences se sont révélées essentielles. À plusieurs reprises, au cours de processus aboutissant à des libérations importantes, je me suis retrouvé « hors du corps ». Cela paraît très étrange au début et l’expérience est quelque peu paniquante, puis avec la répétition, cela devient banal. Cela m’a amené à la prise de conscience immédiate que je n’étais pas ce que je croyais : seulement un corps.

Enfin, au cours de ces séances j’ai revécu des scènes de mon passé qui ne pouvaient manifestement pas être de cette vie. Je les ai donc interprétées comme des scènes de vies antérieures, avec la prise de conscience que non seulement je ne suis pas qu’un un corps, mais qu’en tant qu’être, j’ai déjà vécu d’autres vies dans d’autres corps, à d’autres époques et que sans doute, j’en vivrais certainement d’autres, dans d’autres corps… Voilà qui élargit considérablement les perspectives du jeu de la vie !

Une autre perspective sur la vie

Cela a changé mon regard sur moi, sur la vie et bien sûr sur les autres, et ouvert d’immenses perspectives que je ne soupçonnais pas. Si je suis un être spirituel, les autres le sont aussi et les patients également. Ainsi a changé mon regard sur les patients, et du même coup le relationnel avec eux. Je n’avais donc plus « sous les mains » uniquement un corps, mais aussi un être et son mental.

Au début, cela n’a rien changé à ma manière de les traiter, mais j’ai constaté que se produisaient au cours de certaines séances des libérations plus profondes. Certains patients se sont mis à ressentir et à exprimer des choses qu’ils avaient peut-être ressenties auparavant, mais n’avaient pas osé exprimer. Certains ont commencé à faire des découvertes sur leur vie, alors que rien n’avait été évoqué verbalement… Je n’ai pu ignorer qu’un lien existait sans doute entre les changements qui s’opéraient en moi et ce qui se passait au cours de certaines séances, alors même que je traitais les gens comme auparavant. À l’évidence, il se passait (parfois) d’autres choses, même si je ne contrôlais pas le phénomène.