Les limites de l'ostéopathie - Les limites du patient

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Les limites du patient

J’ai beaucoup parlé des limites du praticien, mais à l’évidence, dans notre relationnel avec nos patients, nous rencontrons des limites qui ne sont pas les nôtres, mais celles du patient lui-même. Elles sont essentiellement conceptuelles : comment se considère-t-il ? Comme un corps, comme un être ? Quelles sont ses croyances spirituelles, religieuses, etc. Ici, ce qui est important, ce n’est pas ce que croit le praticien, c’est ce que croit le patient, ce qui pour lui est réel.

Respecter le réel du patient

Le réel du patient doit être respecté, ne doit pas être outrepassé. Je vois là un point d’éthique majeur dans la relation d’un praticien avec son patient. Ma compréhension actuelle d’un être vivant m’oblige à être le moins interférant possible, à le respecter dans son corps, mais aussi dans son être.

Quel praticien ostéopathe n’a pas entendu un patient se plaindre des techniques « brutales » utilisées sur lui, parfois sans le prévenir ? Il s’agit là de techniques corporelles. Mais un praticien peut, de la même manière, se montrer intrusif à des niveaux plus subtils.

Quelles que soient mes croyances ou réalités personnelles sur le corps, la vie, etc., je ne me sens pas le droit de les imposer au patient. Quelles que soient également mes idées sur ce qui serait bon pour lui, ma certitude que telle technique somato-émotionnelle est « ce qu’il lui faudrait maintenant », je ne me donne pas le droit de l’engager dans une approche de type somato-émotionnel s’il n’y est pas prêt. Là aussi, une subtilité dans la relation praticien/patient est indispensable et repose en grande partie sur l’intuition.

En revanche, j’ai bien conscience que l’ouverture conceptuelle qui a été la mienne a créé un cadre de possibles qui n’existait pas auparavant : des patients se sont mis spontanément à vivre et exprimer des choses qu’ils ne laissaient pas transparaître auparavant.

Je pense également important de vous rendre compte que vos compétences palpatoires sont des outils mécaniques quantiques. Il n’existe aucun moyen de rester observateur extérieur. Chaque fois que vous posez les mains sur quiconque, automatiquement, vous avez commencé à modifier ce qu’il est. Peu importe le problème, c’est inéluctable, vous l’avez modifié. Le simple fait de mener un examen signifie que vous avez déjà démarré quelque chose pour aider ce corps à s’aider. La mécanique quantique est une expérience de partage. C’est tout ce qu’elle signifie.20

Le réel ostéopathique du patient

Il faut également tenir compte du réel ostéopathique du patient. Comment conçoit-il l’ostéopathie ? Pour la plupart des patients, l’ostéopathe est un mécanicien et ils ne comprennent pas forcément la relation pouvant exister entre leurs symptômes et des difficultés d’être. Il faudra au praticien beaucoup de subtilité relationnelle pour comprendre jusqu’où il peut aller dans ses propositions techniques, sans heurter le réel ou les croyances de son patient ni lui imposer une démarche ou une approche qu’il ne peut comprendre.