Les limites de l'ostéopathie - Pour conclure

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Pour conclure

Les limites de l’ostéopathie sont celles de l’ostéopathe. Elles sont largement secondaires à son être, sa philosophie (comment se considère-t-il en tant qu’humain, comment voit-il la vie, etc.) et à son savoir-faire associé.

Une dernière chose me semble importante à évoquer : puisque le praticien ne saurait être un simple agent extérieur, non impliqué et que la relation qu’il établit avec son patient va mettre en mouvement des énergies ou informations parfois subtiles, un phénomène de résonance peut parfois se produire : les énergies et informations mobilisées chez le patient mettent en mouvement des énergies et informations analogues existant chez le praticien. Cela peut provoquer des effets indésirables chez ce dernier : quel praticien ne s’est pas un jour ou l’autre « senti mal » après avoir traité un patient. Bien entendu, la tendance générale consiste à rendre le patient responsable du phénomène. Mais le patient n’a aucune intention négative à l’égard de son praticien. La résonance est un phénomène physique, même si elle met parfois en jeu des énergies ou informations subtiles, notamment émotionnelles. C’est donc ici chez le praticien que se situe l’essentiel du problème.

Un praticien doit être patient

Le fait d’être praticien ne nous enlève rien de notre qualité d’être humain, avec nos propres difficultés d’être… Cette constatation me fait souvent dire qu’un praticien doit être patient. La meilleure manière de ne pas être nous-mêmes mis en résonance par nos patients, c’est d’éliminer autant que faire se peut nos propres difficultés d’être et rétentions. Peu importe le ou les systèmes utilisés. Mon chemin de développement personnel m’a vraiment permis de comprendre que je devais m’occuper de moi et travailler sur mes propres difficultés et limites. Cela m’a permis à la fois d’ouvrir mon espace conceptuel sur la vie et le vivant et d’être moins sujet aux résonances secondaires à la relation avec autrui (patient ou non).

Enracinement

Le travail sur soi est un long chemin et nous devons vivre avec nos patients au jour le jour. Une aide précieuse pour éviter ou diminuer les mises en résonance, c’est ce que nous appelons l’enracinement. Il nous donne un point d’appui et nous « met à la terre », c’est-à-dire que comme la prise de terre du réseau électrique, il permet de dériver des énergies perturbatrices vers la terre.

Par ailleurs, l’enracinement nous permet d’assurer un fulcrum bien plus stable pour notre patient. Dans ce type de pratique, le praticien joue le rôle de point d’appui pour son patient, permettant à des énergies ou informations perturbatrices de trouver un point vers lequel s’évacuer (dans et par le mouvement tissulaire, selon le modèle de l’approche tissulaire). Plus le point d’appui est stable, plus il permet à des charges importantes de se libérer et plus il limite les risques de mise en résonance chez le praticien. Un bon point d’appui donne de la puissance. Je connais une définition de la puissance dont j’ai perdu l’auteur, mais qui me semble très juste :

La puissance, c’est la capacité à maintenir une position dans l’espace physiquement, mentalement et spirituellement.

Lâcher prise

L’enracinement, la mise à la terre donne la puissance physique, mais la puissance spirituelle vient par le lien à la Conscience, celle dont parle Sutherland lorsqu’il évoque la spiritualité de Still : « Je veux parler de l’aspect spirituel, qui lui est venu directement de son Créateur au cours d’une période parmi les plus tristes de sa vie, alors qu’il adressait une prière sincère à son Créateur, non au monde des esprits. »21

Par rapport à ce lien au Créateur (quelle que soit la manière dont nous l’envisageons personnellement), Sutherland utilisait une image à mon sens parlante, reprise par Rollin Becker dans l’une de ses plus belles conférences, donnée à Philadelphie en 1965, à la mémoire de Sutherland :

Mes doigts qui pensent, sentent, voient et savent sont guidés intelligemment par le Grand Architecte qui a conçu ce mécanisme. L’interprétation que j’en donne importe peu, pourvu que mon trolley22 mental demeure en contact avec le Fil. » Permettez-moi de répéter : « L’interprétation que j’en donne importe peu, pourvu que mon trolley mental demeure en contact avec le Fil. »23

Pour terminer, je vous laisserais avec Viola Frymann, imaginer l’ostéopathie de demain :

Je vous invite maintenant à vous projeter avec moi dans le temps, et à évoquer l’ostéopathie que connaîtront nos petits enfants. Les premières cent années d’ostéopathie furent consacrées à obtenir la reconnaissance légale et statutaire de l’ostéopathie et à son acceptation comme part établie de notre façon de vivre. Le second siècle servira à développer le praticien lui-même vers un stade où l’ostéopathie sera non seulement un système s’occupant de soigner le patient comme un tout, mais également une manière de vivre demandant un engagement total de la part du praticien.24