Et le test du canard inversé ? En voici un exemple : […] doré comme l’alcool, son nom sonne comme un nom d’alcool… mais ce n’est pas de l’alcool », souvent déformé de la manière suivante : « Ça a la couleur de l’alcool, le goût de l’alcool… mais ce n’est pas de l’alcool ». Ce slogan qui concerne une boisson bien connue et sans alcool est passé dans le langage courant en français. Plus généralement, il désigne une imitation une chose ou une personne qui a l’apparence de ce qu’elle prétend être sans en avoir les qualités.
Pourquoi cet aparté ?
Il nous arrive assez souvent au cours des stages ou au travers de notre pratique au sein du cabinet d’entendre ce genre de discours : « j’ai suivi un stage d’approche tissulaire, ou j’ai été traité par quelqu’un qui se recommande de votre approche, mais cela ne correspond pas du tout à ce que vous pratiquez ou transmettez, j’ai le sentiment d’avoir été trompé sur la marchandise !! ». Ces retours nous peinent car malheureusement derrière le nom d’approche tissulaire l’enseignement délivré par certaines personnes ou certains organismes, ne correspond pas à celui que nous délivrons aujourd’hui au sein de d’ATO Formations.
Les inévitables altérations reliées à la transmission
Avant d’aller plus loin il paraît essentiel d’essayer de resituer le pourquoi de ce frelatage. En effet, le concept de l’approche tissulaire a été modélisé au cours des années 1980. Il était au départ très centré sur le corps physique, mais – comme tout ce qui est vivant –, il n’a cessé d’évoluer, comme notre conscience de l’ostéopathie (considérablement aidée en cela par la traduction des textes de Still et de plusieurs de ses successeurs essentiels, tels William Sutherland et Rollin Becker), pour devenir un chemin vers la conscience, et dans l’aventure, il s’est considérablement enrichi tant au point de vue théorique que pratique. De plus, son évolution est évidemment toujours en cours.
Durant toutes ces années de nombreuses personnes ont croisé la route de Pierre et de l’ATO. Certaines ont été touchées par les éléments proposés (notamment les paramètres de palpation) et les ont intégrés, à leur manière, dans leur façon de vivre l’ostéopathie et parfois de l’enseigner. Cela fait que nos terminologies sont aujourd’hui largement utilisées avec des compréhensions parfois très parcellaires, voire complètement dépravées.
Conscient de l’altération inévitable des données intervenant dans toute transmission, la solution logique a été de rédiger le plus clairement possible des ouvrages présentant les fondamentaux et la cohérence de l’approche (les livres 1 et 2 d’approche tissulaire). Cela n’a rien changé quant aux retours : plein de gens continuaient présenter des succédanés plus ou moins élaborés en se revendiquant comme praticiens ou enseignants de l’approche tissulaire.
Nous sommes allés plus loin en créant les vidéos de toutes les présentations théoriques et des techniques utilisées. Et cela n’a rien changé… Il semble que dans leur soif de s’approprier des concepts, les gens ne peuvent s’empêcher de les altérer. C’est d’ailleurs la raison principale pour laquelle nous avons renoncé à créer un annuaire des personnes ayant suivi nos stages, parce que nous ne pouvions garantir qu’elles restaient en cohérence par rapport au concept.
Un organisme en bonne santé
Certains ont participé à l’animation des stages de formation et il en est parmi eux qui se sont sentis légitimes pour transmettre ce modèle. Chacune des personnes qui a participé aux activités de l’ATO dans les années passées a apporté, c’est bien certain, chacun à sa manière, une aide indéniable. Mais cela n’est pas suffisant pour qu’un système soit performant. Il faut pour cela qu’une véritable unité de fonctionnement se crée et se perpétue. Nous ne cessons de répéter en stage qu’un organisme en bonne santé est un système dans lequel « le tout vaut plus que la somme des parties » cela veut dire que tous les participants s’engagent sans réserve au service du groupe auquel ils participent. Souvent, hélas, les egos s’interposent…
Il y a quelques années, constatant que nous ne parvenions pas à créer cette unité, la décision a été prise de mettre fin à ces collaborations et de reconstituer une nouvelle équipe.
Certains anciens ont désiré continuer à présenter des stages d’approche tissulaire. Mais comme énoncé précédemment, l’approche tissulaire est un processus dynamique et en constante évolution et pour eux, un lien dynamique a été coupé. Ainsi, les personnes qui ont été remerciées à cette époque et qui ont repris leur liberté, ne sont plus dans cette dynamique d’évolution de l’ATO. Ils sont coupés de la source, ils transmettent un ersatz d’approche tissulaire en surfant sur la popularité du nom.
Ce genre de réflexion nous a conduit à protéger le contenu du message délivré par l’approche tissulaire et à déposer auprès de l’INPI (Institut National de la Propriété Intellectuelle) les termes ainsi que le contenu de l’enseignement de l’Approche Tissulaire de l’Ostéopathie (ATO).
De fait, le seul organisme aujourd’hui habilité à utiliser le terme Approche Tissulaire de l’Ostéopathie et à transmettre son modèle est ATO Formations. Cette protection minimale a été mise en place afin de maintenir une transmission la plus fidèle possible et de garantir une authenticité dans la délivrance du discours.
Nous avons compté sur l’honnêteté et l’authenticité de nos semblables pour respecter les choix et décisions prises. Mais à l’évidence, tout le monde ne partage pas ces valeurs d’éthique… Il convient donc d’informer les futurs stagiaires que ce n’est pas parce que l’appellation approche tissulaire de l’ostéopathie continue d’être utilisée (sans aucune autorisation) que ce qui est enseigné par ces formations correspond vraiment à ce qui est enseigné aujourd’hui par l’ATO. Par bien des aspects il s’agit d’un succédané dont la terminologie utilisée peut amener, à tort, les gens à croire qu’ils reçoivent la version originale.
Pour paraphraser le test du canard inversé, « Ça a la couleur d’ATO, le goût d’ATO… mais ce n’est pas de l’ATO »
Alain Decouvelaere, Pierre Tricot
1er décembre 2023