Présentation
Still fut un féministe convaincu. Non seulement il ne cessa de militer pour le respect des femmes dans la pratique médicale, mais de plus, alors qu’à son époque les collèges débattaient de l’opportunité d’admettre les femmes dans les cours, il les accueillit immédiatement. Dans la première classe d’ostéopathie, il y avait cinq femmes, dont Blanche, la fille de Still et Nettie Hubbard Bolles désignée comme première femme diplômée en ostéopathie. Still avait soigné le père et la mère de Nettie Bolles et lorsqu’elle lui demanda si une femme pouvait étudier et pratiquer l’ostéopathie, il l’assura qu’une femme pouvait apprendre à faire tout ce qu’un homme pouvait faire (C. Trowbridge, Naissance de l’ostéopathie).
Dans ce livre, Janice Blumer évoque quelques femmes marquantes de l’histoire de l’ostéopathie. Marquantes non seulement par leurs activités d’ostéopathes, mais également par leur lutte pour la reconnaissance des capacités et des droits des femmes à occuper des postes à responsabilité. Et vu le contexte social de l’époque, elles n’ont pas eu la partie facile.
Elle évoque évidemment Nettie Bolles, Blanche Still, fille de Still qui n’a semble-t-il pas eu une grande carrière de praticien mais qui fut un personnage important dans le développement de l’ostéopathie naissante, Charlotte Weather, contemporaine de Sutherland qui a beaucoup œuvré sur le crâne, mais avec une approche différente, Berryl Arbuckle, élève directe de Sutherland qui a œuvré pour l’application de l’approche crânienne chez l’enfant handicapé (son livre, Ostéopathie crânienne pour le nouveau-né et l’enfant est publié chez Sully). Elle évoque également Meta Loretta Christy, quasiment inconnue en France. Pour elle, les choses furent d’autant plus difficiles qu’elle était noire. Janice Blumer évoque enfin Louisa Burns bien connue en revanche pour ses recherches sur la lésion ostéopathique vertébrale.
Curieusement, Janice Blumer n’évoque pas Anne Wales (1904 – 2005), une figure également très importante de l’ostéopathie. Diplômée en 1926, elle a pratiqué à Rhode Island pendant cinquante ans avant de se retirer pour vivre à North Attleborough, dans le Massachusetts. Dans les années 1940 elle a découvert l’ostéopathie crânienne de Sutherland et avec son époux, Chester Handy elle a créé et animé un groupe d’études le New England Cranial Study Group auquel elle a participé jusqu’à son décès en 2005. C’est elle qui a rassemblé les textes et correspondances de William Sutherland en deux livres : Contribution of Thought et Teaching in Science of Osteopathy traduits et publiés sous le nom Contribution de pensée (Sully) et Enseignement dans la science de l’ostéopathie (Satas). Elle a également aidé Adah Strand Sutherland l'épouse de William Sutherland à écrire la biographie de ce dernier après son décès : Avec les doigts qui pensent (Sully).
Présentation par l'auteure
Je crois que ce sont les rencontres fortuites que nous faisons dans la vie qui guident nos objectifs. C’est une telle rencontre fortuite qui m’a amenée à la création de ce livre sur une période de dix ans.
En 2010, j’ai écrit un article pour le Journal de l’Académie américaine d’ostéopathie sur la première femme diplômée d’une école de médecine ostéopathique : Jenette Hubbard Bolles, DO, connue sous le nom de Nettie.
À la suite de cet article, j’ai reçu un e-mail de l’arrière-arrière-petite-fille de Bolles, me remerciant et me demandant si je voulais poursuivre en écrivant un livre sur Bolles. Elle m’a fourni de nombreuses photographies reproduites dans ce livre, la plupart ne pouvant être trouvées ailleurs.
Bien que je me sois sentie inspirée, écrire sur quelqu’un qui vivait il y a si longtemps pose de nombreux défis. L’information peut être réduite et les traces se refroidir.
J’ai commencé à envisager d’inclure dans le livre d’autres femmes pionnières dans une profession à prédominance masculine à une époque définie par des valeurs puritaines. J’ai découvert d’autres femmes puissantes de l’époque, également formées par Andrew Taylor (A.T.) Still, MD, DO, le fondateur de la médecine ostéopathique et de l’American School of Osteopathy (A.S.O.), ou par son corps enseignant. Toutes ces femmes ont grandement contribué à la profession que j’aime tant.
Enfin, j’ai été impressionnée par une autre rencontre fortuite, cette fois avec une dédicace de Still directement adressée à l’un de ses premiers diplômés. Etonnamment, un premier exemplaire de l’autobiographie de Still m’est littéralement tombé entre les mains. Tom Steele, MD, médecin interne dans la région de Corvallis (Oregon), m’a transmis ce livre, qui avait été offert à son père, orthopédiste.
En raison de l’âge du livre et du fait qu’il était dédicacé par Still lui-même, Steele savait qu’il était spécial. Il m’a contactée parce qu’il voulait que le livre soit exposé dans un collège de médecine ostéopathique. Que l’on appelle cela une intervention divine ou une simple chance, la dédicace était destinée à l’une des premières femmes diplômées !
Cette citation, adressée à Mary Ellen Baldwin en 1899, m’a permis de mieux comprendre l’affection de Still à l’égard de ses diplômées.
Dédicace pour M. E. Baldwin par A. T. Still.
La citation se lit comme suit :
Compliments d’A.T. Still à Mlle M.E. Baldwin DO. A.S.O.
Elle est l’une de nos meilleures élèves.
Elle est pleine d’énergie à la fois dans son esprit et dans son corps.
Cordialement, A.T. Still Je l’aime. Vous devez.
27 mars 1899
La gentillesse de Still à l’égard de l’une de ses premières étudiantes montre à quel point il s’intéressait à ses diplômés, et aux femmes en particulier, à une époque où il était rare qu’une femme entre dans le domaine de la médecine.
Véritable visionnaire, Still a résisté aux opposants de l’époque et a inscrit cinq femmes dans sa première classe à l’ASO.
Still ne croyait pas seulement que la « gent féminine » devait faire de la médecine, mais il recrutait activement des femmes pour qu’elles deviennent médecins. Une annonce publiée dans le Journal of Osteopathy de 1895 déclarait : « La science de l’ostéopathie devrait particulièrement attirer les femmes intelligentes et ambitieuses qui désirent un travail noble dans la vie, qui les préparera à un avenir libre de toute préoccupation pécuniaire. » L’annonce poursuit en disant que : « Les femmes n’ont pas besoin de perdre leur féminité pour entrer dans la profession… elles n’ont pas besoin d’imiter les hommes dans leur comportement ou leur façon de s’habiller2. »
Still était un visionnaire qui pensait que les femmes avaient l’intuition, la tendresse et la compassion nécessaires pour réussir dans une profession à prédominance masculine. Il croyait tellement aux femmes en médecine qu’il a embauché de nombreuses femmes comme professeurs dans la première école d’ostéopathie, l’ASO.
Table des matières
Remerciements
Éloges
Préface
Chapitre 1 – « Je l’aime. Vous devez. »
Chapitre II – Un tempérament fragile
Chapitre III – Jenette « Nettie » Bolles, ASO 1894
Chapitre IV – Blanche Still Laughlin, ASO 1895
Chapitre V – Charlotte Weaver, ASO 1912
Chapitre VI – Beryl E. Arbuckle, PCOM 1928
Chapitre VII – Meta Loretta Christy, PCOM 1921
Chapitre VIII – Louisa Burns, PCO 1903
Chapitre IX – « Qu’elles soient reconnues »
Liste des illustrations
Références
À propos de l’auteure