Ostéopathie des mammifères
Eric Degen, docteur vétérinaire, ostéopathe
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Résumé
Voici l'heure de présenter le concept qui anime ma pratique depuis toutes ces années. Ostéopathe des Mammifères, c'est ce que je suis, après tout. Après quoi ? Diplômé vétérinaire du Val-de-Marne en 1984, puis diplômé d'ostéopathie de la Collégiale Académique en 2002, la question de ma légitimité est vite réglée. Mais ce concept particulier, vous, vétérinaires étudiants en ostéopathie, aurez plus d'un mot à en dire.
C'est pourquoi nous établirons d'emblée une < règle du jeu, règle du cours > règle du Jour.
Règle du jour
Le cours que vous allez suivre aujourd'hui sera conçu comme un débat. Je vais d'abord rappeler ce que sont, pour moi, les conditions d'un débat, j'en trouve trois :
1°/ Il faut s'entendre sur le sujet dont on doit débattre et essayer d'éclairer le niveau d'où l'on en parle, c'est à dire le point de vue.
Le niveau le plus simple, c'est « on », l'opinion publique. « On » pense « ça », ne signifie nullement que le point de vue de « on » serait, par nature, inférieur à tout autre. Chacun ici je l'espère aura vécu ce type d'expérience étrange, qui peut même s'avérer déstabilisante pour peu qu'on soit mal assis, où un point de vue éclairé d'une réflexion profonde se trouve remis en question par un trait issu d'une pensée populaire qui ne se rattache à aucune école connue. C'est là l'origine des dictons, adages et autres maximes, dont on peut dire, une fois qu'elles ont traversé les siècles, qu'elles correspondent à un vécu puissant, un accord unanime, une pensée partagée dépassant toute logique et les nourrissant toutes par ailleurs.
Une fois ceci posé, reconnaissons d'autres points de vue, plus complexes, par exemple, historique, scientifique, philosophique, religieux, etc..., qui, eux, nécessitent, pour s'exprimer clairement, le respect de la pensée de celles et ceux qui les ont exploré avant soi. Pour autant, l'Ostéopathie, selon Andrew Still son découvreur, se définissant à la fois comme un Art, une Science et une Philosophie,
un ostéopathe, comme tout être vivant complexe par nature, en empruntera à ces différents domaines pour éclairer son point de vue. Il aura alors, plus qu'un autre, l'obligation de correctement définir de quoi il parle et d'où il en parle... sinon, point de débat
2°/ Pour qu'il y ait débat, il faut évidemment ne pas être d'accord au préalable. Même si nous pouvons nous fixer comme objectif provisoire de parvenir à une sorte d'accord final, il faut reconnaître que le consensus représente le degré zéro du débat. Nous devrons donc en passer
par la polémique. Dans le cours « Présentation, histoire, principes et épistémologie de l'ostéopathie » donné à vos prédécesseurs de la première formation à l'ostéopathie vétérinaire de l'ENVN par Édouard Schalchli et moi-même, nous écrivions ceci : « La polémique a pour vertu essentielle d'obliger les interlocuteurs à dévoiler le point de vue d'où ils parlent et considèrent les problèmes posés. En dénonçant les incohérences ou les failles d'autrui, on affirme sa propre cohérence et sa propre intégrité, et on l'expose à la critique, comme l'a bien
montré Popper, puisqu'on définit un idéal de cohérence et d'intégrité qui constitue un critère auquel on doit soi-même se conformer. Prétendre se passer de cette forme conflictuelle de dialogue qui est en usage depuis l'origine de ce qu'on appelle la pensée rationnelle, ce n'est pas seulement s'installer dans l'outrecuidance et la manie monologuante, c'est se priver du meilleur moyen dont dispose l'esprit humain pour se réformer et se rapprocher d'une quelconque « vérité », du moins dans les limites qu'il peut s'assigner lui-même en se définissant comme capacité rationnelle.
Pour autant, la polémique ne peut-être considérée comme forme unique du dialogue. Elle n'est qu'une phase ou une dimension, précédant et nécessitant une phase ultérieure qui la dépasse et assure le passage à une dimension supérieure permettant de reprendre les termes du débat sur un mode non polémique. »
Je reprends donc ces phrases sans en rien ôter, tout en ajoutant que, puisque la question d'aujourd'hui est d'examiner le concept d' « Ostéopathie des Mammifères », le débat conduirait-il à en démontrer la vanité que je me trouverais du même coup renvoyé à mes chères études, voire, pourquoi pas, à cesser définitivement d'ennuyer le monde avec des idées fausses. Honnêtement, je m'y prépare, aujourd'hui comme chaque jour.
3°/ Pour qu'un débat soit clair et constructif, il ne faut pas qu'un point de vue, par nature, l'emporte systématiquement sur un autre. Deux points de vue doivent pouvoir s'exprimer indépendamment l'un de l'autre, sans que l'un soit forcé de s'exprimer dans les termes de l'autre.
C'est en partant de cette idée simple que nous avions, entre 2001 et 2003, bâti le cours que nous présentâmes à vos prédecesseurs entre 2003 et 2005. À l'époque, la loi sur la reconnaissance de l'ostéopathie humaine venait de paraître et nous pensions, par ce travail, contribuer à sa clarté. Ce travail, en outre, tentait humblement de répondre à la demande initiale et provocatrice de Claire Douart à notre équipe d'enseignants, « J'attends de vous que vous exposiez la validité scientifique de l'ostéopathie ».
Force est de constater qu'en 2008, et bien que l'ostéopathie soit officiellement reconnue, il y a pas eu d'avancée notoire sur le terrain où nous emmenions le débat. Mais nos arguments n'ayant, à ma connaissance, reçu aucune réfutation, il reste possible de reprendre là où nous l'avions laissée l'étude scientifique de l'ostéopathie, c'est-à-dire d'examiner ce qui oppose et rapproche médecine moderne et ostéopathie, sans présumer d'une quelconque supériorité de l'une sur l'autre, qui, je le répète, annulerait d'emblée tout débat. C'est ce que nous essayerons de faire ensemble, une fois la règle d'aujourd'hui posée...