Etude des effets indésirables chez l'ostéopathe
Marianne Cassiau, Collège Ostéopathique Sutherland d’Aquitaine Novembre 2012
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Résumé
L’ostéopathe est avant tout un humain. Lorsque cet homme entreprend un cursus dont le but est d’appliquer les fondements de l’ostéopathie, il acquiert non seulement des techniques de soin, une méthode réflexive, mais c’est aussi toute une philosophie de vie qui s’offre à lui. L’ostéopathie est l’étude de l’unité structurelle et fonctionnelle de l’être
humain en rapport avec son environnement. Nous pouvons donc mettre en évidence les moyens mis en œuvre par l’ostéopathe afin de gérer la relation humaine dans un contexte de soin ostéopathique.
Ce mémoire présente, au travers d’entretiens d’ostéopathes, les possibles répercussions nuisibles ressenties par les thérapeutes lors d’une prise en charge ostéopathique. Il répertorie les moyens qu’ils utilisent afin d’y remédier.
Mots clés : effets indésirables, thérapeute, préparation
Abstract
Above all, osteopath is himself a man, who when undertaking a curriculum whose goal is to apply the foundations of osteopathy, acquires not only techniques to heal, in itself a reflexive methodology, but most importantly, ought to assume a new philosophy of life offered to him.
Osteopathy is the study of the structural and functional unity of the human species within their own environment. One can thus bring to light and question the means by which he practices, in order to deal with human relationships in the context of osteopathic treatment.
The goal of this dissertation is to put forward, by means of discussion, the possible repercussions felt by the therapists themselves and to highlight the techniques used in order to maximise the initial results from each session of osteopathy.
Keywords: unwanted effects, therapist, preparation
Introduction
« On ne dit pas que le praticien est un être humain ! Les gens ne s’en préoccupent pas du tout. À mon époque, absolument pas. Aujourd’hui, je ne sais pas comment ça se passe dans les collèges mais je n’ai pas l’impression que ça évolue beaucoup. »1 Cette recherche, mes interrogations, doutes et questionnements sont nés lors de ma deuxième année d’étude en ostéopathie. Riche de nouveaux enseignements et de l’apprentissage de nouvelles techniques de soin, je m’engage dans la découverte de la pratique ostéopathique. Motivée par l’envie de soigner mes proches, j’essaie donc d’appliquer, avec une grande précaution, les techniques apprises en cours. En l’occurrence, les techniques sur les fascias, les techniques tissulaires, dont le principe est d’apposer les mains sur la zone du corps que l’ostéopathe considère en restriction, c’est-à-dire en manque de mobilité. Un des principes ostéopathique est : « le mouvement, c’est la vie. »
Et lors de cette expérience particulière, où je cherchais à redonner de la vie dans les tissus que j’avais sous les mains, concentrée au maximum pour appliquer à la lettre les consignes de mes professeurs, je me suis sentie mal. Prise de bouffées de chaleurs, palpitations, tête qui tourne, j’ai décidé d’arrêter le traitement et de sortir de la salle. Je me suis réveillée quelques secondes plus tard au sol, réveillée par un brouhaha de voix plutôt confus et des secousses. J’avais perdu connaissance et mon corps avait convulsé.
Je ne suis pas épileptique. C’était la première fois que je faisais ce type de malaise. Suite à cet incident, cette réaction, cette conséquence d’un traitement, dans un premier temps j’ai paniqué et j’ai eu peur.
Je n’ai pas compris pourquoi mes professeurs ne nous avaient pas prévenu de la puissance de ces techniques et comment elles peuvent nous affecter, pourquoi on ne m’avait pas mise en garde sur les troubles que l’on peut ressentir lorsque l’on utilise ces techniques ostéopathiques. À partir de là, et durant mes trois dernières années d’études, j’ai décidé de faire attention aux conseils que l’on pouvait nous communiquer en cours, de chercher la moindre indication pour le praticien que pouvait nous transmettre nos professeurs. Les informations recueillies n’ont répondu que partiellement à mes attentes et interrogations.
Dans mon cursus, aucun cours n’a été spécifiquement dédié au praticien, à la manière de devenir thérapeute. Aucune mise en garde, aucune notion n’a été évoquée sur les conséquences dont pouvait être « victime » le praticien lors d’une prise en charge ostéopathique. La pédagogie de cet enseignement ne semblait pas prendre en compte l’ostéopathe comme un être humain.
J’ai donc décidé d’en faire mon sujet de mémoire. Au début, je pensais à un sujet sur l’ostéopathe en tant qu’être humain, sur cette notion oubliée, qu’avant de devenir thérapeute, l’ostéopathe est avant tout un humain et le reste. Cette recherche traite avant tout de ce postulat. Du comment, pourquoi et par quoi l’ostéopathe peut être affecté dans la relation qu’il met en place avec son patient et par les techniques de soin qu’il applique.
Dans mes démarches et lectures, je n’ai trouvé que très peu de mémoires parlant du praticien, de son état d’être, très peu de références bibliographiques en ostéopathie. J’ai décidé d’aller chercher ailleurs, dans la médecine. Et là j’ai trouvé un livre qui m’a beaucoup inspirée et qui s’intitule : Nous sommes tous des patients 2. Ce livre a ouvert la voie de mon sujet. À partir de cette lecture, j’ai su que le thème de cette recherche serait orienté sur le praticien, comment et par quoi il est affecté par la prise en charge ostéopathique. Après beaucoup d’interrogations, d’échanges, de remaniements, de difficultés à poser des limites pour cette recherche, je me suis donc spécifiquement intéressée aux effets indésirables ressentis par les praticiens.
Aujourd’hui, il me semble qu’aucune étude en ostéopathie n’a été entreprise dans ce sens là. Je n’ai trouvé aucune recherche, ou aucun écrit s’intéressant spécifiquement aux effets indésirables que peuvent ressentir les praticiens ; pas d’écrits non plus sur les ressentis des praticiens, ou sur l’impact d’une relation thérapeutique sur l’ostéopathe. Il me semble donc que rien n’a été entrepris à ce jour.
Objectif de l'étude
L’objectif de cette étude est de mettre en évidence par une étude de terrain le fait qu’il existe une notion d’effet indésirable chez le praticien ostéopathe. Mais quelle définition les praticiens font-ils de ce terme ? Est-ce que tous les ostéopathes ressentent ou ont ressenti des conséquences néfastes dues à leur pratique ? Comment gèrent-ils ces effets dans leur prise en charge ?
- La première partie du mémoire est consacrée aux explications des termes. Nous y aborderons la présentation des concepts, références et études retrouvées dans le milieu ostéopathique et médical, se rapprochant le plus du sujet de cette recherche.
- La deuxième partie présentera la méthode et les outils utilisés afin de recueillir les réponses directement chez des praticiens ostéopathes. Nous y verrons aussi la méthode d’analyse des données recueillies.
- La troisième partie exposera les résultats de l’analyse des dix-neuf entretiens.
- Enfin, nous verrons en quatrième et dernière partie comment cette recherche peut répondre à la problématique de ce sujet. Elle exposera les limites et ouvertures du sujet traité.
Table des matières
Introduction
1. Concepts
1.1 Définitions
1.2 En ostéopathie, place de la conscience du praticien
1.3 La médecine : mise en évidence d'une faille systémique
2. Méthode et matériel
2.1 Type d'étude
2.2 Matériel
2.3 Entretiens semi-dirigés
2.3.1 Définition
2.3.2 Présentation du guide
2.3.3 En pratique
2.4 Population étudiée
2.5 Méthode d'analyse
3. Résultats
3.1 Données générales des entretiens
3.1.1 Durée des entretiens
3.1.2 Données sociodémographiques
3.1.3 Données socioprofessionnelles
3.1.4 Sports et loisirs
3.2 Effets indésirables
3.3.2.1 Définition
3.2.2 En pratique
3.3 Les moyens
3.4 Dans le cursus
3.4.1 Cours de psychologie
3.4.2 Cours sur la préparation d’une consultation et sur la préparation du praticien
3.4.3 Cours sur les effets indésirables
3.5 Considérations ostéopathiques
4. Discussion
4.1 La recherche
4.1.1 L’originalité
4.1.2 Les limites
4.2 Les réponses
4.2.1 Définir un effet indésirable
4.2.2 Dans la pratique ostéopathique
4.2.3 La pédagogie
Conclusion
Bibliographies
Annexes