Tenségrité

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livre_intentionpdf_button Le terme tenségrité a été forgé en 1949, par Richard Buckminster Fuller, [2]un architecte et designer américain. Au départ, il s’agit d’une idée, ou plutôt d’un rêve, que Buckminster Fuller transformera en concept : celui d’une organisation architecturale associant « des îlots de compression dans un océan de tensions. » Contractant les deux mots « tensile » et « integrity », qui rendent compte d’une tension intégrale et intégrée, il appelle ce concept « tensegrity, » francisé en « tenségrité. »

Dans les années 1950, le sculpteur américain Kenneth Snelson concrétisera ce concept en produisant des sculptures arachnéennes dont les tubes comprimés semblent flotter dans l’air au sein d’une chrysalide de câbles, remettant ainsi en cause notre longue culture de la construction.

Les structures établies sur la tenségrité sont réalisées en reliant des barres par des câbles, sans que les barres soient directement reliées entre elles. On réalise ainsi un système rigide et déformable, stabilisé, non par la résistance de chacun de ses constituants, mais par la répartition et l'équilibre des contraintes mécaniques dans la totalité de la structure. Les principaux avantages de ce système sont sa légèreté, sa consommation minimale de matière première et surtout, sa souplesse et sa flexibilité, associées à une grande solidité.

Un exemple courant de structure en tenségrité est la roue de bicyclette. Dans cette structure, le moyeu et la jante sont les structures en compression et les rayons vissés entre les deux, les éléments en tension. Ils procurent des moyens permettant aux forces d’être transmises du sol au cycliste et vice-versa. Alors même que chaque rayon, séparé de la structure unifiante en tenségrité est fragile et peut se tordre très facilement, l’organisation collective des rayons en triangulation et tension constitue un arrangement particulièrement stable, solide et léger.

Le concept de tenségrité intéresse aujourd’hui particulièrement les chercheurs en biologie qui constatent son omniprésence dans la nature et les organismes cellulaires, y compris dans le corps humain. Ils voient les cytosquelettes des cellules animales comme conçus avec de telles structures : les microtubules sont au centre d'un réseau de contraintes compressives exercées par des filaments. Il semble que l’on puisse appliquer ce modèle de construction à toutes les parties du corps, de l’organisation microscopique à l’organisation macroscopique (Mégret, 2003).