Le livre des damnés

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Charles-Fort

Le livre des damnés

pdf_button Il est fort, Fort...

Qui est donc ce Fort là ? Il s’agit de Charles Hoy Fort, ou plus simplement Charles Fort, né à Albany, aux États-Unis le 9 août 1874 et décédé à New York le 3 mai 1932.

J’ai connu cet auteur par une citation que m’a transmise récemment Miguel, un ami ostéopathe espagnol, parce qu’il trouvait qu’elle s’appliquait bien au concept ostéopathique en général et à l’approche tissulaire en particulier :

« Je précise que le mot ‘exister’ signifie pour moi un mouvement. Un mouvement n’est pas l’expression de l’équilibre, mais de l’équilibration, d’un équilibre à atteindre.
Les métabolismes du vivant témoignent d’ailleurs des transformations requises pour une stabilisation, tout comme les pensées sont dictées par la nécessité. Exister dans notre quasi-état n’équivaut pas à occuper un statut positif, mais à manœuvrer dans un intermédiaire, entre équilibre et déséquilibre.
Alors... disons que tout phénomène dans notre état intermédiaire, ou quasi-état, constitue une tentative d’organiser, de stabiliser, d’harmoniser, d’individualiser, bref de pénétrer l’absolu positif et le réel. »

Cette citation m’a intrigué. J’ai voulu en savoir plus sur cet auteur pour moi inconnu. Mais apparemment, s’il est méconnu dans le monde francophone, cet écrivain semble relativement important dans le monde anglo-saxon. Il fut le précurseur, sinon le modèle, d’un style qui serait aujourd’hui qualifié de réalisme fantastique. Son œuvre est à l’origine du mouvement fortéen (le néologisme fortéen a été forgé sur la base du nom de Charles H. Fort en 1931, avec la fondation de la Fortean Society). Le magazine Fortean Times est la publication la plus importante de ce mouvement.

Il a passé la plus grande partie de sa vie à des recherches dans les bibliothèques publiques de New York et du British Museum sur d’innombrables événements étranges, ou hors nature, comme il se plaît à les nommer. Il a eu pour principe de prendre de tels événements pour argent comptant, même s’il devait pour cela faire fi de la méthode scientifique orthodoxe.

En fait, Fort fustige justement la méthode scientifique orthodoxe et manifeste un grand scepticisme devant les interprétations des savants : selon lui, en effet, ceux-ci ignorent parfois délibérément les évidences et en arrivent à rejeter tout bonnement ce qu’ils ne peuvent analyser. Ce parti pris du monde scientifique l’amène à appeler les phénomènes inexpliqués le royaume des damnés. Ainsi écrira-t-il Le livre des damnés. Par damnés, il entend tous les événements, phénomènes et données que la Science a jugé bon d’exclure parce qu’elle ne parvenait pas à en donner une explication satisfaisante, selon ses propres critères.

Voilà d’ailleurs comment commence Le livre des damnés (1919) :

« Une procession de damnés.
Par les damnés j’entends bien les exclus.
Nous tiendrons une procession de toutes les données que la Science a jugé bon d’exclure. »

Ce qui m’a particulièrement intéressé dans le texte que je vous propose aujourd’hui, c’est la manière dont il analyse l’erreur de la démarche scientifique, uniquement intéressée par le pondérable et excluant tout ce qui ne rentre pas dans le cadre conceptuel qu’elle s’est fixé. Notamment, une science incapable de retenir et d’analyser les phénomènes à la frontière de ce qu’elle considère comme le réel (comme si le seul réel était celui qu’elle a décidé de reconnaître comme tel...).
Je vous propose donc ici, une partie du premier chapitre de ce livre qui croise bien souvent les constatations et modèles de notre approche ostéopathique.