Ce livre tente la première « mise en scène » publique de ce champ thérapeutique occulté et méconnu, à travers un dialogue entre deux sœurs l'une ostéopathe, l'autre cinéaste l'une qui agit par ses mains, par son intuition, l'autre qui interroge, conteste, dit ce quelle perçoit quand elle est soumise à ces techniques l'une qui parle, l'autre qui écrit. De cette confrontation résulte un ouvrage original où l'on découvre un espace nouveau du corps. Ce livre s'adresse au public le plus profane, à ceux dont la vie quotidienne est polluée par des douleurs “sans cause” et des traitements sans issue, aux laissés-pour-compte du mal de dos, du mal de ventre, etc.
Bien qu'ancien (1983), c'est certainement l'ouvrage le plus complet et le plus enthousiasmant sur le sujet.

Introduction (écrite par Viola Frymann)

La bannière de l'ostéopathie a été déployée par Andrew Taylor Still en 1874. Au début de ce siècle, William Garner Sutherland eut soudain la révélation que l'articulation sphénosquameuse du crâne était « biseautée comme les ouïes d'un poisson pour le mouvement respiratoire d'un mécanisme articulaire ». L'ostéopathie envahit alors le domaine crânien. Il s'écoule presque un demi-siècle avant que l'ouvrage Osteopathy in the Cranial field soit achevé par Harold Magoun pour fournir un document sur les principes d'application et les techniques ostéopathiques au mécanisme crânien, tels que Sutherland les avait définis.
Lionelle Issartel a entrepris une tâche jamais encore abordée pour écrire un livre qui présente l'ostéopathie de l'être dans sa globalité.

Still pressentait sans aucun doute que le mécanisme crânien, en ostéopathie, serait un jour reconnu. Sutherland n'a jamais approuvé une ostéopathie limitée au crâne, mais il invitait constamment ses étudiants à « penser l'ostéopathie avec le Dr Still ».

Lionelle Issartel ne se contente pas de présenter les concepts fondamentaux de ces pionniers de l'ostéopathie ; elle montre aussi quels bénéfices les patients en retirent lorsque ces concepts sont appliqués à des problèmes cliniques. Ses exemples sont pris chez des patients qui n'ont retiré que peu de profit, sinon aucun, de la médecine classique. Elle a intégré l'ostéopathie de Still et de Sutherland dans une approche productive et gratifiante de la maladie et du dysfonctionnement.

Cela n'implique pas qu'il n'y ait une nécessité des deux professions, des deux écoles, médicale et ostéopathique. La profession médicale est axée sur la maladie, en privilégiant nettement la chimie du corps et sa réponse aux préparations pharmaceutiques. Elle a considérablement amélioré les études diagnostiques et les actes chirurgicaux et les a conduits à un point dont on n'aurait pas même pu rêver il y a un quart de siècle. La profession ostéopathique, elle, est orientée essentiellement vers le patient et pendant son premier siècle d'existence, elle s'est développée tranquillement, discrètement, améliorant et étendant ses processus de diagnostic et de traitement qui sont fondés sur trois concepts de base :

1. La structure gouverne la fonction et son rôle permet à chaque partie et particule, chaque cellule et organe, chaque tissu, os et cerveau de se mouvoir selon une activité rythmique constante. « Dès lors que le flux dans un trajet nerveux est interrompu, la maladie débute. » Ainsi l'écrivait Still il y a plus de cent ans, bien avant que le microscope électronique révèle la structure tubulaire du collagène ou que la physiologie moderne des isotopes démontre le flux trans-synaptique exoplasmique.

2. La reconnaissance de l'unité dynamique du corps humain ne peut être appréciée que lorsqu'on comprend l'amplitude, la continuité et la signification du fascia, car « nous vivons dans les fascias » (Still).
Par la réponse dynamique des fascias, les tensions quotidiennes, les strains, sont corrigés pendant le sommeil. Par les fascias, le mécanisme total du corps s'adapte aux exigences posturales constantes des sports, de la danse ou du travail manuel. C'est le fascia qui se souvient et qui révèle à l'ostéopathe perceptif le traumatisme significatif qui a pu être oublié par le conscient.

3. Que la guérison provienne de changements inhérents au patient est évident si on se souvient de la guérison d'une déchirure musculaire ou d'un « rhume », mais l'ostéopathie a appris à coopérer avec ces processus de guérison potentiels et même à les renforcer chez l'être humain. Ainsi, ceux qui sont devenus habiles dans l'art et la science ostéopathique travaillent en accord, humblement, avec les remarquables forces d'autoguérison qui habitent cette unité dynamique fonctionnelle, l'être humain, construite avec une précision et une perfection encore plus grandes que les machines les plus compliquées créées par les ingénieurs.

Dans cet ouvrage, Lionelle Issartel a apporté à la fois la sagesse et In découvertes des scientifiques du monde entier pour soutenir les doctrines de l'ostéopathie. Elle a dévoilé ses propres difficultés, alors qu'elle tentait de maîtriser le diagnostic et les techniques thérapeuthiques. Devenir ostéopathe, c'est beaucoup plus qu'assimiler un ensemble de connaissances ou perfectionner des techniques spécifiques. C'est tout un processus de développement qui permet de devenir un instrument intuitif, perceptif, susceptible de « s'accorder » au patient et à tout ce qui est caché en lui. Il s'agit de devenir apte à répondre aux besoins les plus profonds de celui-ci.

Le lecteur pourra être déconcerté par la première lecture parce qu'elle bousculera et défiera ses conceptions habituelles, mais, à la seconde ou à la troisième, il acquerra une vision nouvelle et stimulante de la santé et de la guérison, car c'est bien là le concept ostéopathique en perpétuel développement.

Viola M. FRYMANN, D.O., F.A.A.O., M.B., B.S. (London)
Présidente of Department of Ostéopathie Principles and Practice,
Collège of Ostéopathie Medicine of the Pacific (California.)