Intérêt de l’état méditatif de l’ostéopathe lors d’une consultation
Flavie TROMBERT
Mémoire de fin d'étude, juin 2020 |
Tuteur de mémoire : Patrice TIDIERE DO
Résumé
Introduction : De nombreuses études scientifiques mettent en évidence les bienfaits de la méditation sur la qualité de la relation de soin et sur la santé. Notamment sur le syndrome d’épuisement professionnel, le stress ou encore la gestion des émotions. De nombreux ostéopathes reconnaissent l’importance que peut avoir la Présence du thérapeute dans la pratique ostéopathique. Quel est l’impact de l’état méditatif de l’ostéopathe, sur la qualité de sa prise en charge lors d’une consultation ?
Matériel et méthode : Cinq ostéopathes ont participé de façon individuelle à un entretien d’explicitation d’une durée moyenne de 20 mn. Des codes de verbalisations ont été mis en place permettant l’authenticité de la narration. Un co-codage permettant de limiter les biais liés à la recherche qualitative a été fait.
Résultats : Huit thèmes ont été mis en évidence : la perception, l’efficacité, l’ancrage, le non-faire, l’intention, l’apaisement, la relation thérapeutique et l’expérience méditative. L’efficacité du traitement ostéopathique est ressortie comme thème central autour duquel s’articulent les autres.
Discussion : L’état méditatif de l’ostéopathe permet une meilleure efficacité de traitement lors d’une consultation. Le critère d’inclusion de l’étude était cependant restrictif car d’autres ostéopathes ont une pratique similaire à la méditation sans l’appeler comme telle.
Conclusion : Dans une démarche d’amélioration constante de sa pratique ostéopathique, la méditation est un moyen d’évolution, personnelle comme professionnelle. A la suite de ce travail, une étude quantitative sur l’influence de la méditation en ostéopathie semblerait intéressante.
Mots clés : Ostéopathie, méditation, efficacité, interoception, relation thérapeutique.
Introduction
État de la question
Par sa posture professionnelle, l’ostéopathe se doit d’établir des modalités relationnelles propices à la prise en charge ostéopathique. La situation relationnelle doit être analysée en fonction du contexte et des personnes environnantes, visant au respect du patient (1).
La posture professionnelle du thérapeute doit lui permettre de prodiguer des soins appropriés, au bon moment, en prenant en compte les besoins, préférences et valeurs du patient. C’est ce qui définit la relation de soin (2).
Un article de 2016 précise que la relation de soin apporte un soutien au patient, sans jugement, dans un environnement sécurisant à un moment difficile de sa vie. L’empathie est une des qualités nécessaires pour instaurer une relation de soin thérapeutique de qualité (3-5). L’espace créé par cette relation donnerait un espoir au malade et serait le fondement de sa guérison (6). La qualité d’échange dans la relation de soin favorise l’activation des ressources internes de guérison et d’auto-prise en charge du patient (7, 8).
Le Dr Corinne Isgnard Bagnis enseignante et chercheuse souligne l’importance et les bienfaits de la méditation dans la qualité de la relation de soin (9). La pratique de la méditation serait bénéfique sur le syndrome d’épuisement professionnel, le stress ou encore sur le maintien d’une juste distance émotionnelle dans la relation de soin.
Le « bum-out » ou syndrome d’épuisement professionnel est particulièrement présent chez les professionnels de santé. L’Inspection Général des Affaires Sociales (IGAS) a montré en 2016 l’altération de la qualité des soins prodigués par un soignant en « burn-out » (10). La pratique de la méditation serait une prévention à ce syndrome et améliorerait sensiblement l’épuisement émotionnel ressentis (9,11).
La relation d’aide implique un échange complexe caractérisé par la capacité du thérapeute à s’ajuster à son patient (12). Une juste distance dans la relation thérapeutique permet de préserver un lien empathique tout en évitant la déshumanisation de la relation (13). Trop d’affects non maîtrisés par le praticien compromettent l’équilibre de la relation de soin (5). La pratique de la méditation permet une meilleure gestion de ses émotions grâce à des changements fonctionnels cérébraux (voir le chapitre des rappels).
L’ostéopathie est « la loi de l’esprit, de la matière et du mouvement » (14). La méditation permet une unification entre le corps et l’esprit par la présence1 du thérapeute dans l’immobilité ou dans le geste (15).
Pour Pierre Tricot, la qualité de présence du thérapeute est essentielle dans la pratique ostéopathique. Elle permet à l’ostéopathe d’Être et non de Faire, indispensable dans la qualité palpatoire et dans l’efficacité du travail ostéopathique. Cette présence dont découlent l’attention2 et l’intention3 est un travail de ressentis de ses propres sensations corporelles (16). La présence à soi-même permet de mieux s’ajuster à l’autre et de lui porter une attention totale (17).
L’équanimité est définie comme une tendance dis positionnelle du mental à toutes les expériences ou objets, indépendamment de leur origine ou de leur valence affective (18). Cette posture d’acceptation retrouvé dans la méditation permet de se détacher de ses émotions ou pensées et de ne pas s’y identifier (19). Par cet état, la fixation de l’attention s’en trouve automatiquement améliorée (20).
Rollin Becker parle également de la nécessité de Présence du thérapeute dans une consultation. Elle lui permet de trouver le Fulcrum, point d’immobilité d’où naît la Puissance du mouvement. L’ostéopathe doit devenir ce Fulcrum pour être un repère stable au patient. Il parle alors de Fulcrum spirituel, ou Partenaire Silencieux (21,22).
Dans la mise en place de la Présence, R. Becker fait référence au Za-Zen, pratique de méditation utilisant la position du lotus entier (22). Lors de ce travail, R. Becker conseille à l’ostéopathe de considérer ses émotions ou pensées comme des nuages sans y porter attention. C’est le fondement de la méditation de Pleine Conscience (12,15). Selon lui si le thérapeute cherche à nommer ses sensations il passera à côté du traitement car ne sera pas totalement Présent. 11 s’agit de vivre avec sa palpation, en temps réel, sans l’analyser (21).
Rollin Becker propose une approche plus subjective de la relation de soin, amenant le patient et le praticien à devenir une seule et même entité : « Le praticien est un mécanisme respiratoire primaire involontaire au sein d’une physiologie corporelle volontaire vivante. Son patient est doté des mêmes qualités Par conséquent, la palpation devient un échange vivant entre deux corps vivants. » (21).
Pour Viola Frymann, le principe de Présence est une base à toute communication. C’est une façon d’être qui favorise une relation thérapeutique basée sur la confiance, la sérénité et l’écoute. Elle propose également de cultiver la compassion grâce à laquelle le patient pourra exprimer ses besoins les plus profonds (22).
1 La présence se définit comme le fait d’être là, en fixant son attention sur l’espace et le temps présent (16).
2 L’attention est la projection de la conscience vers l’espace physique. Elle crée ainsi un espace virtuel spécifiant les informations qui l’intéressent (16).
3 L’intention est une modulation de l’attention. C’est lui donner un sens. L’intention envoie une information dans le champ virtuel créé par l’attention (16).
Table des matières
1 INTRODUCTION
1.1 Etat de la question
1.2 Rappels
1.3 Problématique et « Hypothèse »
1.4 Intérêt de 1'étude
2 MATERIEL ET METHODE
2.1 Matériel
2.2 Méthode
3 RESULTATS
3.1 Données générales concernant les ostéopathes
3.2 Résultats de codage
4 DISCUSSION
4.1 La méthodologie par théorisation ancrée
4.2 Justification des critères d’éligibilité
4.3 Analyse des résultats par catégorie
4.4 Biais de l’étude
4.5 Comparaison du présent mémoire avec une thèse en ostéopathie
5 CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
REFERENCES
TABLE DES MATIERES
TABLE DES TABLEAUX
TABLE DES FIGURES
ANNEXES
Annexe I : Questionnaire de recrutement des ostéopathes fait sur la plate-forme Google Forms
Annexe II : Lettre d’information destinée aux ostéopathes participant à l’étude
Annexe III : Formulaire de consentement éclairé
Annexe IV : Retranscription écrite des entretiens
Annexe V : Schématisation des résultats finaux du codage théorique