Impact du traitement membraneux et de C0/C1/C2/C3 en fascias sur les céphalées primaires chroniques
Aline PARRAUD
Collège Ostéopathique de Provence - Aix-Marseille |
Directeur de mémoire : Grégory POULIN
Résumé
Objectif : Dans cette étude nous nous proposions d’évaluer une approche ostéopathique membranaire et fasciale, visant à traiter des céphalées et migraines chroniques primaires en lien avec des dysfonctions crâniennes et rachidiennes d’origines diverses.
Méthode : Nous avons réparti 35 patients souffrant de céphalée chronique en 2 groupes (Groupe A avec un traitement ostéopathique et Groupe B avec un placebo). Les candidats ont été «traités» à 2 reprises à intervalle de 3 semaines. Les critères d’intensité de la douleur (Echelle Visuelle Analogique: EVA), Fréquence des crises, Durée des crises, ainsi que la Qualité de vie (MIDAS et Hit-6) ont été suivis et une analyse des différences de moyennes des 2 groupes a été réalisée avec un test t de Student indépendant (P<0.05).
Résultats : Les critères de Fréquence des céphalées, Impact «objectif» sur la qualité de vie (MIDAS) et Durée des crises ont été significativement améliorés par notre traitement (pFréquence=0,0133, Pmidas=0,03486 et pDurée=0,04910).
Conclusion : Nous avons conscience de l’aspect réduit de notre population et de la pauvreté des travaux similaires qui auraient pu consolider nos résultats. Nous sommes cependant parvenus à établir que les critères de Fréquence et de Durée des crises ainsi que l’Impact « objectif » sur la qualité de vie avaient significativement été améliorés par notre protocole. Nous espérons que ces résultats sauront éveiller l’intérêt et susciter d’autres expérimentations qui pourront les étayer. Il serait alors intéressant d’investiguer le lien entre les éléments déclencheurs et les causes physiologiques des céphalées. D’autre part, nos travaux nous ayant amenés à souligner l’importance du système nerveux neurovégétatif, serait-il possible de relier cela au fait que de nombreux stimuli sont associés aux organes sensoriels?
En d’autres termes, est-ce que l’étude de cette hypersensibilité sensorielle associée à des dysfonctions du système neurovégétative pourraient ouvrir sur une meilleure compréhension des causes de la céphalée primaire et conduire ainsi à développer des traitements plus spécifiques?
Mots clés : Ostéopathie. Céphalée. Migraine. Membrane rachidienne. Fascias.
Abstract
Objective: This study was designed to evaluate an osteopthic approach to chronic idiopathic headaches. The procedure was based on a membranous and myofascial traitement of spinal and cranial dysfonctions of various origins.
Method: 35 patients suffering from chronic headaches were separated into 2 groups (group A received an osteopathic treatment and group B received a placebo). These volunteers were treated twice within a 3 week time interval. Pain Intensity (Visual Analog pain Scale: VAS), Crisis Frequency, Crisis Duration and Impact on Life Quality (MIDAS and Hit-6 follow up tools) were the evaluated criteria. The Satistical Student t Test was used to analyze the average mean variations (p<0,05).
Results: Three criteria were identified as statistically significant, Crisis Frequency, the MIDAS (for Quality of Life impact) and Crisis Duration. All three aspects of our population headaches were improved by the osteopathic treatment (pFrequency=0,0133, Pmidas=0,03486 and pDuration=0,04910).
Conclusion: We are aware of the very limited scope of population we have been able to include. Moreover, there were not enough similar clinical tests that could be utilized to consolidate our results. In our study, we were able to identify three criteria as significant from a statistical point of view. Crisis Frequency and Duration as well as Quality of Life Impact mean variations were confirmed to be directly improved by our treatment. We hope these results could inspire other clinical research and help complete and consolidate these findings. Thus, it would be interesting to investigate the relationship between the triggering factors and the physiologic origins of headaches.
Furthermore, our analysis seems to confirm that the vegetative nervous system plays a key role in migraine process. Would it be possible to infer a causal connection with the sense organs influence?
In a nutshell: Could the sense organ ultra sensitivity and the vegetative nervous system be both the key to a better understanding of headache processes and result in more efficient treatments?
Key words: Osteopathic medicine. Headache. Migraine. Spinal membranes. Myofascial release.
Introduction
Les céphalées chroniques idiopathiques
Le « mal de tête » est une expérience très commune, souvent en lien avec un contexte particulier. Les lendemains de fêtes bien arrosées, les ambiances bruyantes ou encore un effort de concentration intense... Chacun d’entre nous est en mesure d’évoquer un type d’évènement déclencheur de céphalée. Il y a cependant de très nombreuses personnes pour lesquelles il n’est pas nécessaire d’être confrontées à des conditions un peu extrêmes pour qu’une crise survienne. Un manque de sommeil ponctuel, une journée ensoleillée ou encore la faim, sont autant de facteurs pouvant être à l’origine d’une flambée douloureuse dont la durée peut varier de quelques heures à plusieurs jours.
Comme toutes les douleurs chroniques les céphalées peuvent engendrer des dépressions directement liées à l’incidence de la pathologie sur la qualité de vie du patient. La surconsommation médicamenteuse entraine des phénomènes de dépendance et/ou de toxicité qui induisent à leur tour une augmentation du nombre des crises. La céphalée est donc un véritable problème de santé publique avec un impact lourd sur l’absentéisme professionnel ainsi que sur les coûts assumés par la sécurité sociale. Les risques et les enjeux liés aux céphalées chroniques sont bien réels et pourtant leur prise en charge thérapeutique est encore faible. Les personnes souffrant de maux de têtes idiopathiques consultent peu et ont pour beaucoup recours à l’automédication. La réticence à s’adresser à un ostéopathe reflète cette tendance à l’évitement et ce alors que la nature purement fonctionnelle de la pathologie est en parfaite adéquation avec ce type de prise en charge.
Qu’est-ce que l’ostéopathie?
Définition de l’ostéopathie selon le décret no 2007-435 du 25 mars 2007 relatif aux actes et aux conditions d’exercice de l’ostéopathie :
L’ostéopathe, dans une approche systémique, après diagnostic ostéopathique, effectue des mobilisations et des manipulations pour la prise en charge des dysfonctions ostéopathiques du corps humain. Ces manipulations et mobilisations ont pour but de prévenir ou de remédier aux dysfonctions en vue de maintenir ou d’améliorer l’état de santé des personnes, à l’exclusion des pathologies organiques qui nécessitent une intervention thérapeutique, médicale, chirurgicale, médicamenteuse ou par agent physique.
La douleur et l’ostéopathie
Rappelons que la douleur est un message d’alerte émis par le corps afin de nous mettre en garde contre un danger pouvant menacer son intégrité voire sa survie.
Ce signe clinique très subjectif est l’un des principaux motifs de consultation en ostéopathie et constitue un véritable critère d’évaluation par le patient et ce alors que, du point de vue du praticien, le traitement est pourtant axé sur le gain de mobilité articulaire et tissulaire avant tout. Le recours à l’ostéopathie est, de ce fait, de plus en plus basé sur la recherche de confort et la volonté de rompre avec la douleur, même si elle est connue et assumée depuis longtemps parfois.
Le motif de consultation « céphalées » est cependant peu fréquent dans un cabinet d’ostéopathie, pourtant lors de l’anamnèse c’est un problématique qui revient souvent.
Les raisons de la faible représentation de ce motif de consultation en ostéopathie sont multiples et on peut évoquer, dans un premier temps, la nécessité d’une investigation médicale préliminaire, afin d’écarter une pathologie sous-jacente. Le passage par la case médecin, suivi par un scanner ou une IRM, peut expliquer le choix d’une solution allopathique, alors que pour une douleur de cheville, le patient s’orientera bien plus naturellement vers un thérapeute manuel en première intention.
Classification des céphalées
Afin de préciser le contexte et la problématique de cette étude, voici la classification des céphalées, névralgies crâniennes et douleurs de la face selon International Headache Society (IHS)I12l
Code 1 Migraine
Code 2 Céphalées de tension
Code 3 Algie vasculaire de la lace et formes apparentées
Code 4 Céphalées circonstancielles (non liées à une lésion organique)
Code 5 Céphalées post-traumatique s
Code 6 Céphalées associées à une pathologie vasculaire
Code 7 Céphalées associées à une pathologie non vasculaire
Code 8 Céphalées associées à des substances ou leur sevrage
Code 9 Céphalées associées à une infection non céphalique
Code 10 Céphalées associées à un désordre métabolique
Code 11 Céphalées associées à une affection du crâne, du cou, des yeux, des oreilles, du nez, des sinus, des dents, de la bouche ou autres structures crâniennes ou faciales
Code 12 Névralgies crâniennes, douleurs des troncs nerveux et douleurs de désafférentation
Code 13 Céphalées non classables
Tableau : (Source IHS). Classification des céphalées, névralgies crâniennes et douleurs de la face.
Les groupes 1 et 2 comprennent respectivement les migraines et les céphalées de tension chroniques!3-4] que l’on peut différencier des céphalées symptomatiques, d’apparition occasionnelle, qui font en général l’objet de traitements antalgiques simples et que nous assimilerons au groupe 4.
Le groupe 3 représente l’algie vasculaire de la face (AVF) dont la fréquence dans la population générale est de 0,1 % (+ les formes apparentées). Les caractéristiques sémiologiques des crises sont très spécifiques et très différentes de celles de la migraine ou des céphalées de tension (contexte toxique...)
Le groupe 4 contient les céphalées circonstancielles, non liées à une lésion organique, et apparaissant dans des circonstances particulières très stéréotypées : exposition au froid, toux, exercice physique, coït...
Les groupes 5 à 13 sont secondaires à des pathologies organiques ou métaboliques.
Visualisation de notre démarche expérimentale
Dans cette étude, nous nous proposons d’évaluer une approche ostéopathique membranaire et fasciale, visant à traiter des céphalées et migraines chroniques primaires en lien avec des dysfonctions crâniennes et rachidiennes.
Afin de mettre en relief le champ d’action de notre essai clinique et de faciliter sa description, voici une schématisation de notre approche qui concerne uniquement les céphalées chroniques idiopathiques et sera donc centrée sur les groupes 1-2 et 4 de la classification de l’IHS ci-dessus.
Après avoir établi le cadre dans lequel se situe notre problématique, nous en expliciterons les objectifs avant de décrire notre démarche expérimentale. Les résultats seront ensuite analysés à l’aide d’un outil statistique afin d’établir leur significativité ou pas.
Notre étude concernera donc la partie gauche de l’organigramme (verte).
Table des matières
Remerciements
Introduction
1. Le contexte
1.1 Définitions et critères de classification
1.2. Épidémiologie
1.3. Un peu d'anatomie
1.4. Physiopathologie
1.5. Le diagnostic clinique
1.6. La genèse de cette étude
2. Objectif de l'étude
2.1 La littérature et le traitement des céphalées idiopathiques
2.2 Des techniques ciblées
2.3 Un impact financier très significatif
2.4 Une réponse plus adaptée à la population la plus concernée
3. Matériel et méthode
3.1 Méthode
3.2 Matière
4. Résultats
4.1 Historique de l'étude
4.2 Données relatives à la population
4.3 Comparaison des caractéristiques des groupes A et B
4.4 Résultats du traitement sur le groupe A
4.5 Résultats du traitement sur le groupe B
5. Analyse statistique
5.1 Identification des critères secondaires
5.2 Efficacité du traitement ostéopathique versus placebo
5.3 Synthèse de l'analyse statistique
5.4 Approfondissement de nos résultats.
6. Discussion
Conclusion
Bibliographie
Annexes