Début de vie

William Smith est issu d’une famille de neuf enfants. Il naît en 1862 à la Jamaïque, où son père, ingénieur civil, participe à la construction du premier chemin de fer de l’île, mais c’est à Édimbourg qu’il grandira et décidera de devenir médecin, à cause de l’admiration qu’il porte au médecin de la famille (Grigg, 1967). En 1880, après avoir passé ses examens de connaissances générales et de langue dans la même institution, le jeune William s’inscrit au collège médical de l’Université d’Édimbourg. Sur ses études, E. R. N. Grigg nous dit ceci :

Smith évoquera plus tard ses professeurs de médecine (voir le Journal of Osteopathy, Décembre 1897 et juillet 1907) : l’anatomiste Sir William Turner (1832-1916) ; le prétentieux et atrabilaire physiologiste William Rutherford (1839-1899) ; les chirurgiens « Honest John » Chiene (1843-1923) et John Macdonald Brown (?-1935) ; et le vénérologue Peter Hume Maclaren (1836-1911). Au cours de la troisième année, Smith fit la connaissance de l’un des Doyle, alors chirurgien interne dans le service de Sir Joseph Bell (1837-1911). L’interne en chirurgie devint plus tard le bien connu Sir Arthur Conan Doyle (1859-1930) qui utilisa Bell comme modèle vivant pour le maître détective imaginé sous le nom de Sherlock Holmes.
Smith ne passa pas ses examens. Il partit en effet en 1884 pour suivre ses études médicales à Manchester, puis à Londres, Paris, Vienne, après quoi, il revint à Édimbourg et passa les examens requis. Le 22 janvier 1889, il fut diplômé du Collège Royal de Médecine et de Chirurgie d’Édimbourg (Grigg, 1967, 169).

Peu de temps après, Smith émigre aux USA. On ne sait pas ce qui l’a poussé à émigrer. Mais en considérant le reste de sa vie, on peut supposer qu’il recherchait la nouveauté, la liberté et l’aventure. À partir de 1890, il monte un cabinet médical et pratique à Flatbush, aujourd’hui rattaché à Brooklyn, dans la banlieue de New-York City. Il semble qu’il n’ait pas eu beaucoup de succès parce qu’il décide rapidement de partir vers l’Ouest, comme il l’évoquera plus tard dans un article de The Osteopathic Physician (juin 1907).


Rencontre avec Still

Il travaille alors comme représentant pour une maison de matériel chirurgical de Saint-Louis, (Missouri), ce qui lui fait rencontrer les médecins de Kirksville qui lui parlent d’un « vieux fou » qui a quasiment ruiné leur pratique et continue à mystifier tant de gens (Charles E. Still Jr., 138).

Cela constitua sans doute un défi pour le jeune Dr Smith. En posant au Dr Still quelques questions pertinentes, il se sentait de taille à le confondre comme escroc. Lorsque ils se rencontrèrent pour la première fois, Smith bombarda Still d’une longue série de questions sur l’anatomie et la physiologie et sur les meilleures méthodes pour diagnostiquer différentes maladies. À sa grande surprise, ce médecin de la frontière répondit très bien à ses questions et malgré le ridicule auqueil il s'exposait, il se sentit converti aux croyances d’Andrew (Charles E. Still Jr., 138).

À ce propos, la version donnée par Smith lui-même dans The Journal of Osteopathy de septembre 1896 diffère quelque peu :

Avant d’arriver à Kirksville, je n’avais jamais entendu parler de l’ostéopathie ni du Dr Still. De tout le monde, sauf des docteurs, j’entendais de bonnes choses à son propos et sur son travail. Mais des docteurs, que du mal. La divergence émanant de ces rapports m’intrigua. J’estimais que devait émaner de cet homme quelque chose hors du commun. L’entendre traiter par les profanes de « second Christ » et par les médecins de « damné vieux charlatan, » m’a convaincu qu’il était homme très en avance sur son temps, un homme avec des vues trop progressistes pour être bien compris. Je me suis résolu à le rencontrer (Schnucker, 1991, 74).

Still lui-même évoque cette rencontre dans son Autobiographie. Voici ce qu’il en dit :

Passé quelques mois, un docteur d’Édimbourg, en Écosse, vint à la maison pour s’entretenir avec moi et apprendre quelque chose sur la loi grâce à laquelle j’avais guéri et guérissais des maladies pour lesquelles la médecine avait de tout temps échoué. La conversation suivit à peu près ce cours : après qu’il se soit présenté, il déclara : « Je présume que vous êtes le fameux Dr Still dont j’ai tant entendu parler à travers tout l’état du Missouri. Je suis diplômé de médecine d’Édimbourg, en Écosse. Actuellement, je vends des instruments chirurgicaux et scientifiques pour Aloe & Co., de Saint-Louis. J’ai visité à peu près sept cent docteurs dans le Missouri et j’ai entendu parler de vous et de l’ostéopathie partout où je suis allé et depuis que je suis dans cette ville, l’ostéopathie est le seul sujet de conversation. J’ai essayé d’apprendre quelque chose sur elle par les docteurs du coin, mais ils ne m’ont pas dit un mot dessus. Je trouve très étrange que des docteurs ne connaissent rien d’un système de soins utilisé dans leur propre ville depuis cinq ou six ans, alors que des guérisons merveilleuses de fièvres, de dysenteries, de rougeoles, d’oreillons, d’épilepsies, de naissances sans douleurs, de réductions de goitres, de pneumonies, d’yeux infectés et d’asthme ont été rapportées dans tout l’état ; et, en fait, j’ai entendu dire que vous pouviez guérir avec ce système toutes les fièvres ou maladies de nos climats. Comme je fournis tous les docteurs de cette ville en instruments chirurgicaux, ils m’ont demandé de venir vous voir et d’enquêter sur votre méthode. Mais j’ai pensé honorable de vous dire que je suis un docteur en médecine ayant suivi une formation de cinq années à Édimbourg, en Écosse. » Il dit : « Ceux qui m’ont envoyé m’ont bien conseillé de ne pas vous dire que je suis médecin, car sinon vous n’accepteriez pas de me parler. »J’avais accueilli ce docteur à l’entrée de ma cour, près d’un mât duquel partaient des fils allant vers d’autres poteaux et aboutissant à ma maison et aux autres maisons du voisinage.
Je commençais à répondre aux questions du docteur en lui expliquant comment et pourquoi je pouvais guérir la maladie par cette méthode. En regardant le poteau supportant les deux fils dont nous venons de parler, je lui dis que puisqu’il avait la franchise d’évoquer les nombreuses années qu’il avait passées à l’université d’Édimbourg, de me dire qu’il avait vu la reine d’Angleterre, l’océan et beaucoup de choses que je n’avais pas vues, je pensais devoir moi aussi être franc et lui dire que j’étais un « homme ignorant » ayant passé toute sa vie dans l’ouest.
Still-et-Smith

A. T. Still et William Smith

Je ne désirais prendre aucun avantage sur lui et lui dis que j’étais un philosophe, mon père un pasteur, que je m’apprêtais à partir pour le Congrès ainsi qu’un certain nombre d’autres choses que mes frères et moi ferions ; mais, déterminé à être aussi honnête avec lui, je lui dis que j’étais ignorant et essayais de comprendre à quoi servaient ces deux fils en électricité1 . Il révéla qu’ayant reçu une initiation pratique en électricité, il pouvait tout me dire à ce propos. Il m’expliqua qu’en me donnant la peine de suivre ces fils, je trouverais leur extrémité dans des pots ou des cuves séparés contenant deux sortes de produits chimiques, comprenant différents éléments, les forces positives et négatives de l’électricité, et que dès que le moteur serait démarré et mis en mouvement, les qualités opposées viendraient à la rencontre l’une de l’autre avec une telle rapidité qu’une explosion sans fin en résulterait et durerait tant que le moteur continuerait son action ; il conclut en disant : « Ainsi, vous avez les ampoules électriques. Tous les fluides efficaces, les acides et ingrédients nécessaires à générer l’électricité se trouvent dans les cuves. »
À ce moment de son aimable explication, je lui demandai combien de genres de nerfs existent chez l’homme, question à laquelle il répondit gentiment deux, les moteurs et les sensitifs ou les positifs et les négatifs.
« Où se trouve la puissance d’action de l’homme, et où cette puissance est-elle générée? »
il dit que le cerveau a deux lobes et que c’est la dynamo.
« Bien, où se trouve le moteur? »
« Le cœur est le moteur le plus parfait connu. »
« Qu’est-ce qui fait fonctionner le cœur, docteur? »
« Je suppose que c’est l’esprit de la vie qui le fait fonctionner. »
« Est-il volontaire dans son action, docteur? »
« Il est involontaire et mis en marche par les forces de la vie. »
« Peut-être quelque électricité participe au fonctionnement du cœur, n’est-ce pas? »
« Eh bien, je devrais dire » dit le docteur « que les actions et les pourquoi de la vie animale ne sont pas encore complètement compris. Il y a encore beaucoup à apprendre sur l’activité de la vie. »
Alors, je demandai à mon nouvel ami, ancien d’Écosse et de Saint-Louis et encore plus ancien docteur de cabinet, là où il se remplissait de bière, avant qu’il ne parte pour voir « la plus grande foutaise de tous les siècles », quel effet aurait un pain de savon sur une batterie électrique si on en mettait un dans les cuves de fluide? Le docteur, cligna de l’œil et dit :
« Ça la foutrait en l’air. »
« Bien, docteur. J’aimerais vous poser une autre question. »
Il dit gentiment: « Certainement, je répondrai à toutes les questions que vous me poserez, si je le peux. »
Ayant appris qu’un pain de savon mettrait le foutoir dans une batterie électrique, je lui demandai quel effet auraient deux litres de bière sur les nerfs moteurs et sensoriels d’un homme une fois déversés dans son estomac ou sa cuve électrique ? Le docteur hésita une minute et dit : « Ça le rendrait diablement fou » et ajouta : « au diable votre ignorance en électricité. »
Je lui demandai ce qu’est la fièvre. Il répondit que cela dépendait de quelle sorte de fièvre je voulais parler. Je lui demandai s’il existait plusieurs sortes de fièvres, alors que je ne connaissais qu’une sorte de chaleur. Il continua et me parla des fièvres typhoïde, bilieuse, de la fièvre scarlatine ; il avait plein de fièvres, mais mon ignorance était si dense qu’elle ne me permettait de discerner qu’une seule sorte de chaleur dans toute la nature, résultant de l’électricité en mouvement, l’intensité marquant seulement les degrés de son action.
Je lui dis qu’à mon point de vue, tous les genres de nerfs comportent des centres dont partent des nerfs qui bifurquent et procurent la force aux vaisseaux sanguins, aux muscles et aux autres parties du corps, et je lui dis carrément de sortir de cette vieille ornière d’ignorance n’ayant derrière elle que pilules et stupidité. Je lui demandai d’imaginer quel effet nous obtiendrions en sectionnant les nerfs vasomoteurs. « Les vaisseaux sanguins pourraient-ils fonctionner, pousser le sang à travers tout le corps et maintenir la vie en mouvement, ou bien, en sectionnant le nerf moteur d’un membre, pourrait-il encore fonctionner ? Non, bien sûr ; que se passerait-il en ligaturant un membre de manière si serrée que l’innervation soit interrompue ? Pensez-vous que ce membre pourrait bouger ? Non, bien sûr. Alors, n’obtiendrait-on pas un effet similaire sur le cœur ou les poumons en interférant avec le ganglion sensoriel où que ce soit entre le cerveau et le cœur ? S’il en est ainsi, pourquoi pas diminuer la sensibilité et l’excitation du cœur et ralentir la vitesse du sang puisqu’ils obéissent simplement à l’électricité qui s’occupe des nerfs moteurs et qui, par sa trop grande activité, provoque dans toutes ces maladies la chaleur que vous appelez fièvre. Ne destinez-vous pas vos remèdes ou vos drogues aux nerfs qui contrôlent le sang et les autres fluides du corps ? »
Je donnai au docteur quelques « comment et pourquoi » en plaçant mes doigts sur les nerfs gouvernant le sang des entrailles et du cerveau.
À ce moment, il dit : « vous avez découvert ce que tous les philosophes ont cherché depuis deux mille ans sans jamais le trouver. » Il ajouta : « Je ne suis pas fou et, en tant que docteur en médecine, j’ai lu toute l’histoire et je sais qu’une telle philosophie n’a jamais été connue. Votre ville compte un certain nombre de docteurs stupides et imbéciles car ils vivent à dix pas de vous depuis cinq ans sans connaître les vérités de la science que vous avez révélée, ici, sous leurs nez. » (A. T. Still, 1998, 113-117).

Et voici maintenant la version que donne de cette rencontre William Smith lui-même :

Dès que j’ai pu le faire, je suis allé à son cabinet, un immeuble d’un étage, sans tapis, avec de nombreuses vitres cassées, des nids de guêpes dans des recoins isolés. Là, j’ai découvert une douzaine de personnes attendant leur tour pour le voir, toutes évoquant les merveilles qu’il accomplissait journellement. Lorsque je mentionnais que je désirais rencontrer le Dr Still, ils me répondirent en chœur que je « devais attendre mon tour. »
Et mon tour vint. Je me trouvai en présence d’un homme de grande taille, athlétique, apparemment dans la cinquantaine (en réalité 64). Je lui expliquai que j’avais entendu dire tellement d’horreurs sur lui dans certains quartiers et tant de bien dans d’autres, que cela avait attisé ma curiosité et accessoirement, je lui indiquai que je souffrais légèrement du bras droit et ne pouvais me servir complètement de mon coude. Sans mot dire, il l’empoigna (il n’y a pas d’autre mot), le maintint, lui fit faire une rapide rotation et dit : « Et maintenant, comment c’est ? » À ma grande surprise, je découvris que je pouvais commander le membre complètement alors qu’il me gênait depuis plus de six mois. Lorsque je lui demandais de me parler de son travail, il accepta avec empressement et pendant deux heures, j’entendis un homme parler en détails de sa vocation, avec laquelle il était en parfait accord. Ce qu’il me dit semblait tellement éloigné de tout ce qu’on m’avait enseigné dans les écoles médicales, si complètement absurde et chimérique que je lui demandais des preuves de ce qu’il avançait. Les preuves me furent données par les quelques seize patients qui témoignèrent de leur maladie lors de leur arrivée à Kirksville et de leur état consécutif au traitement. Mon seul désir fut alors d’apprendre de cet homme qui avait entre ses mains quasiment le pouvoir de vie et de mort ; un homme qui pouvait faire ce que tout le monde médical déclarait impossible.
William-Smith2
William Smith

Laissez moi vous dire que l’ostéopathie ne peut être évaluée que par un esprit clair et sans préjugé. Si un homme, un médecin, vient à Kirksville et entend ce qu’il entendra tout en raisonnant à partir de ce qu’il a appris dans une école médicale, la seule conclusion possible pour lui est que l’ostéopathie est une tromperie et une illusion, une gigantesque foutaise destinée à extorquer tous les mois des centaines de dollars aux malades et aux affligés. MAIS, si l’investigateur se donne la peine d’approcher le problème comme s’il n’y connaissait rien (et quatre années d’expérimentation de l’ostéopathie, me permettent d’affirmer que les docteurs n’y connaissent pas grand chose)2, de ne rien accepter pour acquis, de n’accepter aucune déclaration pour ou contre l’ostéopathie, mais de se contenter d’interroger une douzaine de patients en les considérant comme des hommes et des femmes sensés et non comme des hystériques, prêts pour l’asile d’aliénés ou comme des menteurs patentés ; alors, s’il est homme honnête, il devra conclure, comme je le fis, qu’il existe encore des choses dans l’art de guérir qui ne sont pas connues de la profession médicale. S’il pousse plus loin son investigation, il s’apercevra que les résultats obtenus ne pourraient l’être avec des traitements médicamenteux. Alors, laissez-le interroger les patients et les écouter raconter combien de docteurs ont déclaré leur guérison impossible et seulement alors, laissez-le décider si l’ostéopathie est ou n’est pas une escroquerie, ses praticiens des charlatans et ses supporters des menteurs. Si toutes ces personnes déclarant avoir tiré bénéfice de l’ostéopathie sont des menteurs, d’où peut bien venir l’argent permettant de faire fonctionner ce commerce ? Payer une telle armée de menteurs épuiserait le capital d’un état. Et s’ils sont hystériques, alors pourquoi leurs docteurs n’ont-ils pas réussi à les guérir ?

Création du collège de Kirksville

A cette époque (1892), Still envisage la nécessité d’enseigner sa « science », mais outre les difficultés administratives, il ne sait trop comment procéder pour y enseigner les sciences fondamentales (anatomie et physiologie) qu’il connaît très bien, mais qu’il n’a pas apprises de manière conventionnelle, ce qui ne lui permet pas de les enseigner d’une manière académique.

La rencontre avec Smith est pour lui providentielle : Tous deux partagent la même passion pour l’anatomie, Smith est médecin, chirurgien qualifié et excellent diagnosticien, il a suivi une formation académique et il est excellent orateur. Après cette rencontre fortuite, en échange d’une chambre et d’une pension et de la possibilité d’apprendre l’ostéopathie, Smith accepte d’enseigner l’anatomie à l’American School of Osteopathy (ASO) en passe d’être créée. L’anatomie étant le centre de sa philosophie et l’objet de son programme d’études, les références anatomiques de Smith aideront à lancer l’ASO sur une solide base scientifique. Voici ce que dit A. T. Still à ce propos :

Comme il m’en souvient aujourd’hui, la visite de ce docteur s’effectua au mois de juin ou juillet et après avoir passé presque tout l’après-midi en discussion amicale sur la science, il demanda à revenir le soir même. Au cours de la conversation du soir, nous parlâmes de créer un petit collège pour enseigner l’anatomie l’hiver suivant, parce que je voulais que mes enfants acquièrent une bonne connaissance de cette science. Je me rendis compte que ce docteur était tout à fait qualifié pour les enseigner, et comme il voulait étudier l’ostéopathie, nous conclûmes bientôt un accord, et en deux mois, mîmes sur pied un cours d’anatomie de quatre mois avec une classe d’à peu près dix personnes, dans une petite maison de six mètres cinquante sur quatre que j’avais construite pour l’occasion. (A. T. Still, 1998, 117).

 Premiere-Ecole

 Première école d'ostéopathie à Kirksville (1892)

Il semble que Smith ait été particulièrement apprécié en tant qu’enseignant à l’ASO. Par exemple, la promotion de 1898 lui offrira une pièce en or de 10$ sur laquelle est gravée les initiales ASO Class of ‘98 et le nom de Smith (Grigg, 1967). Voici ce que dit Harry Still, un des enfants jumeaux d’Andrew lorsqu’il évoque les premiers temps de l’enseignement de Smith à l’ASO :

Il pouvait se rappeler son premier cours d’anatomie avec le nouvel enseignant, le Dr Smith, un homme incroyable, aussi incroyable qu’Andrew, son père. Avec sa tignasse hirsute et noire, ses yeux légèrement saillants tout aussi noirs, une moustache bien travaillée, il émanait de lui une vitalité telle qu’il était impossible de s’endormir pendant son cours. Tous les étudiants prenaient grand plaisir à l’entendre rouler les termes anatomiques et médicaux autour de sa langue, son accent écossais donnant une certaine qualité musicale. Il était parvenu à rendre l’anatomie réelle pour les étudiants, bien avant qu’ils aient une salle de dissection. Harry avait bénéficié de l’enseignement du Dr Smith et, grâce à lui, avait beaucoup appris (Charles E. Still Jr., 167).
Classe-1892
La première classe de l'ASO en 1892

Départ de Kirksville... Et retour

William Smith reçoit le premier diplôme d’ostéopathie en 1893. Mais il a rapidement envie de pratiquer l’ostéopathie qu’il vient d’apprendre et décide de quitter Still et Kirksville cette même année pour aller s’installer à Kansas City et y créer une clientèle d’ostéopathe. Les liens avec l’ASO ne seront pas pour autant rompus. Après son départ, l’enseignement de l’anatomie sera confié à la première femme diplômée d’ostéopathie, Jenette Hubbard Bolles (1863-1930).

Il semble n’avoir là non plus été très heureux, ce qui le décide à revenir à Kirksville en 1896. Il y enseignera jusqu’en 1910, avec plusieurs interruptions. Pendant cette période, il assurera plusieurs cours sur différents sujets, sauf la chimie. Naturellement, l’anatomie demeurera jusqu’à la fin sa matière de prédilection.

Imbroglios juridiques

Dans le Journal of Osteopathy de juin 1897, Smith énumère ce qu’il considère comme les trois sujets les plus importants pour tout praticien dans les arts de la guérison : à savoir, l’anatomie, la physiologie et la symptomatologie. Dans ce contexte, il cite le cas d’un certain Benjamin White de Macon dans le Missouri qui, prétend-il, a été « abandonné » par les médecins réguliers :

White était arrivé à Kirksville porteur d’un diagnostic de cancer incurable de l’estomac. Smith diagnostiqua avec justesse la « tumeur » de White comme étant une vessie énormément dilatée, qu’il « guérit » par un simple sondage qui rendit plus de deux litres d’urine viciée. D’autres sondages réalisés dans les trente heures qui suivirent rendirent encore neuf litres. Le total dépassait dix neuf litres d’urine en deux jours. Smith expliqua cette considérable quantité comme résultant du « fait » que White n’avait pas uriné pendant les trois mois précédant sa venue à Kirksville.
On lui demanda rapidement des explications concernant cette énorme anurie. Dans le numéro de juillet 1897, du Journal of Osteopathy, il admit maladroitement qu’il avait seulement répété l’affirmation du patient. Et il ajouta que White survécut à trois révolutions lunaires uniquement en dégouttant (débordant) d’urine.
Dans un éditorial du Medical Age (publication interne du laboratoire pharmaceutique de Detroit Parke, Davis & Co.) du 26 juillet 1897, William Mathew Warren (1864-1903) mit en doute les qualifications médicales de Smith, déclarant que n’existait aucune organisation s’appelant Collège Royal de Médecine et de Chirurgie à Édimbourg, ni à Glasgow. Le 16 juillet 1898, Smith poursuivit Warren et Parke, Davis & Co. devant la cour du comté demandant 25 000 dollars de dommages et intérêts pour diffamation.
Dans le même temps, White était mort de complications urinaires, mais ce n’est pas là qu’était le problème, ni dans l’affirmation de Smith relativement à l’anurie gargantuesque de White. Le point principal était que Warren aurait dû enquêter plus sérieusement avant de dénier l’existence de la plus honorable des institutions médico-chirurgicales de l’ancienne Écosse, dans le mesure où une telle dénégation ternissait la réputation de Smith. Cependant, le 27 août 1900, la poursuite fut abandonnée, sans pénalité pour aucune des deux parties (Grigg, 1967, 171-172).

Se procurer des corps

À la même époque, le collège de Kirksville se trouve face à la difficulté de trouver des corps aux fins de dissection :

Dès que la première école d’ostéopathie fut organisée et commença de fonctionner,tout ce qui pouvait lui être opposé le fut. Il est bien connu que l’anatomie est la pierre angulaire de l’ostéopathie. Même si la dissection n’est pas aussi essentielle à l’ostéopathe qu’elle l’est au chirurgien, elle est nécessaire à la connaissance approfondie que devrait posséder tout ostéopathe. Comme les collèges de médecine et les médecins des drogues avaient le monopole des cadavres du Missouri destinés à la dissection, il s’opposaient à ce que ceux qui n’étaient pas dans leur giron, ceux qui voulaient apprendre l’anatomie sans être sanctionnés par eux puissent obtenir des corps pour servir ce but. Mais il ne fallait pas que la progression du collège soit entravée par une opposition si mesquine. Ainsi, le collège parvenait à se procurer suffisamment de matériel pour la démonstration (Booth, 1905, 77).

À l’automne 1899, pour quelque raison inconnue, l’approvisionnement de cadavres a complètement cessé. C’est pourtant un moment où l’ASO en a particulièrement besoin. La majorité de corps récemment obtenus sont venus de fermes de pauvres. L’ASO semble toujours à la traîne dans la procuration de corps à disséquer.

dissection

Classe de dissection

De cette situation découle un des incidents les plus pittoresques des débuts de l’ostéopathie, auquel William Smith est étroitement associé. Dans son livre Frontier Doctor, Medical Pioneer, Charles E. Still Jr. nous propose un résumé de plusieurs versions données sur cette affaire :

Andrew était si occupé qu’il essayait de s’extraire des problèmes de l’école. Mais lorsque certains anciens revenaient, ou que certains étudiants en cours de formation lui disaient leur besoin en corps à disséquer en nombre suffisant, il se rappelait combien le fait d’avoir eu à sa disposition autant de corps qu’il voulait3 l’avait aidé à obtenir une connaissance de premier ordre du corps humain.
Il fit venir le Dr Smith et le Dr C. L. « Bob » Rider, son assistant et leur demanda quel était le problème. Le Dr Smith lui expliqua qu’ils ne pouvaient pas rivaliser avec les institutions médicales dans l’obtention des cadavres non-réclamés provenant d’institutions d’état telles que prisons ou asiles d’aliénés. D’une manière ou d’une autre, les école médicales d’état avaient, semble-t-il, des filière propres. Jusqu’à présent, l’état du Missouri n’avait pas de commission chargée de cette question pour assurer une répartition honnête et équilibrée de cadavres entre les différents collèges. Au mieux, l’ASO en recevait juste quelques uns lorsqu’ils étaient en surplus.
Peu de temps avant que Still ne convoque une réunion à propos des problèmes relatifs à la dissection, l’un des étudiants en anatomie du Dr Smith avait indiqué à son professeur qu’un membre de sa famille, membre de la police de Chicago, lui avait dit que l’un des gardiens de la morgue du comté de Cook4 pouvait vendre plusieurs corps à un prix suffisamment raisonnable pour qu’il soit intéressant d’organiser une expédition jusque Chicago.
Le Dr Smith et le Dr Rider étaient impatients d’entreprendre ce voyage et de rapporter suffisamment de corps pour permettre à la salle de dissection de fonctionner à sa pleine capacité. Ils eurent un court entretien avec le Dr Charley5. Celui-ci leur rappela que ce qu’ils envisageaient de faire était illégal et leur dit que le collège ne pouvait encourager ce genre d’aventure.
Le Dr Smith lui répondit : « Nous avons vraiment besoin de corps et Bob et moi acceptons de prendre le risque. » Il dit que pour améliorer leur compréhension de l’anatomie, les étudiants et les diplômés avaient vraiment besoin des corps qu’ils pouvaient obtenir, et qu’avec ou sans l’approbation de l’école, ils étaient décidés à se rendre à Chicago.
Lorsqu’ils montèrent dans le Burlington6 pour Chicago, on leur donna la couchette numéro 13. Le Dr Smith n’était pas superstitieux, mais le Dr Rider ne put s’empêcher de dire qu’il espérait que ce n’était pas un mauvais présage. Lorsqu’on les conduisit à la chambre 1313 de leur hôtel, le Dr Rider se sentit plus mal à l’aise à propos de leur mission, mais garda ces pensées pour lui.
Peu de temps après leur arrivée, ils contactèrent l’officier de police avec qui ils étaient en liaison. Celui-ci leur dit qu’il allait contacter non pas le conservateur, mais un certain M. Ullrich, le gardien de nuit de la morgue. Étant donné qu’il était la seule personne en poste la nuit, ce M. Ullrich aurait accès aux corps et ne serait pas questionné s’il en manquait.
Après le dîner, M. Ullrich arriva à l’hôtel. Ce n’était pas le type de personne que les docteurs auraient aimé normalement fréquenter, mais puisqu’il leur avait été recommandé par l’officier de police, ils pensèrent qu’il était sûr de travailler avec cette personne à l’apparence plutôt débraillée.
M. Ullrich leur dit qu’ils allaient se rencontrer peu de temps après minuit. Il leur dit qu’il louerait une charrette et un conducteur et se procurerait quatre caisses longues pour emballer les corps en vue de leur expédition. Il leur dit que le charretier réclamait vingt dollars. Les caisses coûtaient soixante dollars, les corps mâles coûtaient cinquante dollars pièce et si des corps de femme étaient disponibles, il coûtaient soixante dollars chacun. Il leur dit également qu’il devait être en possession de l’argent avant que les corps ne quittent la morgue.
Les docteurs revêtirent de vieux vêtements, bourrèrent quatre draps pour emballer les corps, prirent tout le matériel nécessaire à l’embaumement des corps et une grosse bouteille de formaldéhyde. Juste avant minuit, ils se dirigèrent vers l’Hôpital Dunning et sa morgue. Le Dr Rider ne put s’empêcher de penser : « on est juste le 13 novembre. »
Ils montèrent dans le dernier tramway circulant cette nuit là et descendirent au terminus de la ligne à trois kilomètres de leur destination. Une petite pluie fine et une bise froide d’automne tournoyaient autour d’eux et ils se dirigèrent vers le rendez-vous en trébuchant dans la pénombre. Lorsqu’ils arrivèrent, ils avaient froid, ils étaient trempés et crottés et ne souhaitaient qu’une chose : en terminer au plus vite avec cette affaire et retrouver leurs foyers au Missouri.
La charrette et son conducteur les attendaient devant la porte d’entrée de la morgue. Le charretier était aussi anxieux qu’eux de se trouver dans un environnement aussi peu plaisant. Les docteurs choisirent rapidement quatre corps, trois hommes et une femme et payèrent le veilleur de nuit. Ils furent très désagréablement surpris lorsque celui-ci leur dit qu’ils ne pouvaient pas embaumer les corps sur place mais devaient les emmener immédiatement. Il leur dit qu’il y avait une vieille maison abandonnée assez proche et qu’ils pourraient y réaliser leur embaumement.
Le charretier s’appelait John Rowe et semblait homme plutôt accommodant et obligeant. Mais quand vint le moment de déménager les corps, il ne voulut même pas les toucher. Ainsi, les docteurs durent eux-même trimbaler les quatre corps et les charger dans la charrette. Lorsqu’ils arrivèrent à la maison abandonnée, la pluie redoublait et la nuit semblait plus noire encore. Il n’y avait pas de lumière et la petite bougie dont ils disposaient ne les aida guère au moment d’injecter le fluide d’embaumement dans les veines des cadavres. Dans ces conditions particulièrement mauvaises, une procédure qui n’aurait normalement pris qu’une heure dura nettement plus longtemps. En travaillant, les docteurs reçurent du sang sur leurs mains et sur leurs vêtements. Pas d’eau courante, donc impossible de se nettoyer.
Le charretier était tellement pressé de partir, qu’ils décidèrent finalement d’envelopper les corps dans les draps en les arrosant simplement de formaldéhyde afin de les protéger pour le voyage en train jusqu’au Missouri. Les corps furent enfin mis dans les caisses, adressés à la maison du Dr Smith à Kirksville. Ils dirent à Rowe d’amener les caisses au bureau de l’American Express à la gare du Burlington, pour expédition. Rowe dit que les caisses empestaient le formol et qu’il faudrait probablement les stocker dehors jusqu’au départ du train du soir.
L’attelage valait vraiment le coup d’œil : Le Dr Smith et le cocher étaient assis devant. Le Dr Rider était assis sur les caisses en forme de cercueil. Ils arrivèrent finalement au terme de leur trajet de trois kilomètres et le Dr Smith donna au cocher un pourboire de dix dollars. Ils lui souhaitèrent bonne route et le regardèrent s’éloigner dans la nuit humide et brumeuse.
L’hôtel où ils étaient descendus n’était pas très loin de la gare, de sorte que Rowe avait suggéré aux docteurs de retourner à l’endroit où ils avaient laissé le tramway plus tôt dans la soirée. Ils pensaient qu’ils y arriveraient vers cinq heures du matin, heure du premier tram. Il leur dit qu’il serait pour eux bien plus confortable de retourner à leur hôtel en tramway, d’autant qu’il pleuvait toujours.
Le tramway arriva rapidement. Les docteurs étaient heureux qu’il soit vide, et qu’ainsi personne ne voie leurs vêtements maculés de sang et leur apparence plutôt débraillée. Ils attrapèrent quelques vieux journaux et s’assirent sur le siège du fond pour se protéger des regards.
Le long du parcours, le tramway prit quelques voyageurs, parmi lesquels quelques policiers. Arrivés à leur arrêt, les docteurs sortirent précipitamment, espérant que la police n’avait pas remarqué leur dégaine.
Rendus à la sécurité de leur chambre, ils enlevèrent leurs vêtements, les enveloppèrent dans de vieux journaux et les bourrèrent dans leurs valises. Ils se baignèrent et se reposèrent plusieurs heures avant de s’habiller de propre et d’aller dans un café restaurant pour un déjeuner tardif. Le train ne partant qu’à 20 heures, il leur restait beaucoup de temps pour visiter la ville. Tous deux se sentaient détendus et prêts à vivre un après-midi plutôt agréable après l’éprouvante expérience de la nuit.
Après avoir commandé le déjeuner, le Dr Smith acheta un journal d’après-midi. Ils furent choqués en lisant les gros titres : « Des piqueurs de corps se sont introduits dans la morgue de Dunning et ont volé quatre corps. » Pendant qu’ils mangeaient ils purent entendre d’autres convives discutant ce crime bizarre. Le Dr Smith mangea son repas, mais le Dr Rider ne put avaler la moindre bouchée.
Ils retournèrent dans leur chambre pour discuter de la situation. Le Dr Smith était particulièrement déconcerté. Pourquoi Ullrich avait-il mis en scène un cambriolage, alors qu’il semblait avoir laissé les choses se faire ? Étant donné qu’Ullrich et le contact de police étaient les seuls à connaître leur identité, ils se sentirent en sécurité en se promenant dans Chicago. C’était un bon moyen de vivre une chaude après-midi.
Cependant, leur souci s’aggrava. La chaude après-midi pouvait devenir un problème, étant donné que les cadavres, empestant le formaldéhyde reposaient exposés à la chaleur du quai de la gare, avec l’adresse du domicile du Dr Smith inscrite dessus.
Le journal du soir donnait beaucoup plus de détails sur le cambriolage de la morgue. Le directeur de la morgue avait déjà offert une récompense de cinq cent dollars pour toute information concernant les coupables – les deux hommes qui avaient financé l’entreprise et le cocher. L’article disait que toute la police de la ville était mise en alerte à la recherche de toute personne suspecte qui aurait pu dérober les corps.
Les docteurs interrompirent leur promenade dans les faubourgs de Chicago et regagnèrent leur chambre où ils demeurèrent jusqu’à l’heure de prendre leur tramway pour la gare du Burlington. Ils avaient même fait monter leur repas dans leur chambre. Lorsqu’ils arrivèrent à la gare, ils vérifièrent que les caisses avaient été chargées. Elles étaient déjà dans le train, sans que leur présence ait apparemment éveillé de soupçons.
Lorsque le train quitta Chicago, ils purent enfin se détendre, pour la première fois depuis le début de l’aventure. Les corps arrivèrent sans encombre et en bon état à Kirksville.
Pour la première fois depuis un bon moment, le Dr Smith disposait de suffisamment de corps pour faire fonctionner la salle de dissection. Cependant, à Chicago, les choses s’étaient considérablement envenimées. Ullrich, intéressé par la récompense, avait donné le numéro de la charrette à la police et John Rowe avait été arrêté.
Le cocher était si furieux d’avoir été trahi et chargé du crime qu’il refusa de dire ce qu’il avait fait des corps. Tout ce qu’il accepta de dire, c’est que les deux autres hommes venaient d’un autre état et qu’il ne connaissait pas leur nom.
Lorsque les journaux eurent vent de cela, ils se déchaînèrent contre la police. Comment était-il possible, disaient-ils, que deux hommes venant d’un autre état puissent venir à Chicago, dérober quatre corps et les déménager en toute sécurité à travers les rues de la ville, sans être moindrement inquiétés ?
Still-dissection
Still et la classe de dissection
 
À cause du manque de coopération de John Rowe et de l’effervescence de la cité à propos de ce vol bizarre, une récompense plus importante encore fut offerte en échange d’informations conduisant à l’arrestation des deux malfaiteurs.
Ullrich, qui savait que le directeur de la morgue, Healy désirait le remplacer et avait entendu dire que son remplaçant était déjà trouvé, vit là une opportunité d’empocher l’argent de la récompense. Il alla à la police accompagné d’une amie prostituée qui raconta que la nuit précédant le vol, elle avait rencontré deux individus venant d’un autre état, qu’elle savait non seulement leur nom, mais également d’où ils venaient. Elle était prête à donner l’information à la police, en échange de la récompense.
Lorsqu’elle donna les noms et la ville d’origine des deux docteurs, la ville de Chicago fut dans une telle agitation et tellement désireuse de rapatrier les deux criminels qu’un grand jury spécial promulgua une mise en accusation à l’encontre des Drs Smith et Rider. Le jury enjoignit également le gouverneur de l’Illinois d’obtenir leur extradition.
Après avoir été informé, le gouverneur du Missouri demanda à rencontrer les deux docteurs à Jefferson City. Après que tous les détails de l’aventure lui eurent été rapportés, le gouverneur, qui avait ratifié la loi reconnaissant l’ostéopathie dans le Missouri leur demanda pourquoi ils avaient pris un tel risque.
Ils expliquèrent à quel point ils avaient besoin de corps pour leur salle de dissection et à quel point il était difficile de s’en procurer. Le gouverneur leur dit qu’il allait s’employer à leur obtenir un moyen loyal d’obtenir des corps dans le futur. Pour ce qui concernait l’extradition, il dit : « Aucune chance. Mais si vous allez ailleurs qu’ici (le Missouri) ils vous jetteront en prison pour le reste de votre vie. »
À Chicago, les journaux se déchaînaient pour obtenir le retour des deux docteurs afin qu’ils répondent de leur « crime odieux. » Dans le même temps, Healy, le directeur de la morgue qui n’avait jamais cru Ullrich, se doutait que celui-ci avait mis en scène le cambriolage. Il décida d’enquêter. Après une courte visite à John Rowe dans sa prison, il fut convaincu que Rowe disait la vérité. Il n’y avait aucun signe d’effraction à la morgue jusqu’à ce que la charrette et les corps soient partis. Mis face à l’évidence, la prostituée admit qu’elle n’avait jamais rencontré les deux docteurs et qu’Ullrich lui avait indiqué ce qu’il fallait dire afin de partager la récompense. Le directeur parvint à convaincre la police que le charretier était innocent de tout crime et devait être libéré. Ullrich fut chargé de l’ensemble du crime.
Bien que les journaux de Chicago continuent à réclamer que le gouvernement du Missouri leur livre les deux docteurs, à cause de leur participation au sinistre événement à Dunning, il ne fallut pas beaucoup de temps avant qu’ils ne trouvent de nouveaux prétextes pour remplir leurs gros titres et remplacer la farce de la morgue (Charles Still Jr., 1991, 179-186).

Smith sera tout de même embêté par cette affaire pendant plusieurs années :

Le gouverneur de l’Illinois envoya au gouverneur du Missouri une demande d’extradition de l’accusé vers l’Illinois pour comparution en justice. Les différents gouverneurs du Missouri refusèrent l’extradition. Mais pendant ce temps, Smith ne pouvait se permettre de s’aventurer hors des frontières du Missouri, particulièrement en Illinois et devait une partie du temps, être sous surveillance armée d’amis, pour éviter d’être enlevé vers l’Illinois par les détectives se trouvant à Kirksville sans doute pour cela.7 L’accusation fut maintenue jusqu’en 1899, date à laquelle elle fut retirée, ce qui permit à Smith de se rendre où bon lui semblait dans tous les États-Unis, sans restriction. En 1903, une loi donnant à l’American School of Osteopathy les mêmes droits à l’accès aux matériaux de dissection que les écoles médicales de l’état fut promulguée (Booth, 1905, 79).

Pionnier des rayons X

Dans le Kirksville Weekly Journal du 22 septembre 1898, apparaît l’information indiquant que le dispensaire de Still a commandé une machine à rayons X à New-York. Elle va coûter 1000$ et sera la deuxième de ce type à l’ouest du Mississippi. Le premier de ces appareils du Midwest appartient à l’éditeur de l’American X-Ray Journal, un certain Dr Robarts, de Saint-Louis.

Le jour du Thanksgiving de 1898, Herber Robarts (1862-1922) visita Kirksville et prononça une conférence sur « les rayons X. » Au cours de cette visite, il obtint de William Smith le texte d’un article intitulé « sciagraphie8 et circulation » ; l’article parut dans l’American X-Ray Journal de décembre 1898 et fut republié dans le Journal of Osteopathy de janvier 1899. Toutefois, ce n’était pas le tout premier article ostéopathique traitant des rayons X. Le premier, intitulé « Rayons X » avait été publié dans le Journal of Osteopathy en novembre 1898. Son auteur était David Littlejohn (1876-1953), d’origine écossaise, qui peu de temps après son diplôme obtenu d’une usine à diplômes, Le Central Medical College de St. Joseph, dans le Missouri, fut engagé comme professeur en rayons X et sciences sanitaires à l’American School of Osteopathy, et qui, par conséquent, devint le premier ostéopathe radiologue. Littlejohn était l’un des trois frères employés comme enseignants au collège de Kirksville.9 (Grigg, 1967, 173).

Cette apparition de la radiologie déclenche une vague d’enthousiasme chez les étudiants et les enseignants de l’ASO. Mais Still ne partage absolument pas cet enthousiasme :

Avant la découverte par William Roentgen de la machine à rayons X, la visualisation, une bonne aptitude à observer, un sens délicat du toucher – et cette perpétuelle image – étaient les seuls outils dont disposait Still pour l’aider dans sa détection de l’anormal par rapport au normal. Il prétendait également distinguer une aura – vibration émanant du corps – autour de tous ses patients, lui apportant des indications supplémentaires sur leur condition. Ne possédant pas les pouvoirs extrasensoriels invoqués par Still, les professeurs et les étudiants espéraient que la machine à rayons X, en augmentant considérablement les vibrations, leur permettrait de compenser leur incapacité de visualisation. Le Vieux Docteur, sceptique quant à l’utilité de l’instrument, déclara à quelques étudiants : « La radio, en augmentant considérablement les vibrations, nous permet de voir en dessous de la surface ce que nos yeux ne pourraient découvrir. Pourquoi ne pas entraîner nos esprits à faire cela ? » (Trowbridge, 1999, 239).

Tentatives novatrices avec les rayons X

Dès que la machine à rayons X est disponible, William Smith commence ses investigations sur les nouvelles radiations. Selon Grigg, (1967)n il semble qu’il se soit plus particulièrement intéressé à vérifier la loi de l’artère évoquée par Still comme fondement essentiel de l’ostéopathie. Il lui faudra d’abord trouver un moyen de rendre visible à la radio les trajets circulatoires :

Dans ses tentatives pour étudier la circulation, Smith essaya plusieurs substances jusqu’à ce qu’il découvre que le mercure bisulfuré dans la cire d’abeille donnait une excellente opacification des vaisseaux dans lesquels il était injecté (chez le cadavre). Même en cette époque des débuts de la radiologie, la démonstration radiographique de vaisseaux opacifiés n’était pas chose nouvelle. Elle avait été réalisée à Vienne, dans les tout premiers mois de l’ère des rayons X – en janvier 1896, par Eduard Haschek (1875-1947).
La croyance populaire laissait entendre que les tissus morts devaient être plus imperméables aux rayons invisibles que ne l’étaient les organes vivants. Smith décida de vérifier cette affirmation. Il fit des tests radiographiques sur une main vivante et une main morte, côte à côte sur une seule plaque. Il n’y avait pas de différence notable (Grigg, 1967, 173).
 
X-Ray-Machine

La première installation de machine à rayons X à l’ASO (1898). Debout à la tête du cadavre, sur la droite de l’image, cigare à la main, se tient William Smith, alors âgé de 36 ans et à gauche, se tiennent David Littlejohn (le premier radiologue ostéopathe), alors âgé de 22 ans et Lee Hickman (l’homme à la moustache), un étudiant du Kirksville College qui manipulait le plateau à rayons X. Cette photographie provient du Journal of Osteopathy de janvier 1899. (In Grigg, 1967).

En 1900, William Smith, toujours animé de bougeotte, quitte Kirksville et devient président de l’Atlantic School of Osteopathy à Wiles-Barre, en Pennsylvanie, mais pas pour longtemps. À l’été 1900, Samuel Howard Monell (1857-1918) un pionnier des rayons X de Brooklyn cherche Smith pour lui proposer la rédaction d’un manuel, mais ne peut le trouver parce que Smith voyage alors en Europe.

carte pro Smith Publicite-Smith

Publicité parue dans l’American X-Ray Journal (août 1902)

En 1902, il ouvre un cabinet à Saint-Louis, dans le Missouri. Sa carte professionnelle (reproduite ci-dessus) est alors publiée dans l’American X-Ray Journal. Comme d’habitude, le succès en pratique privée se fait attendre ce qui l’oblige à déménager rapidement à la recherche d’un nouveau lieu.


Élucidation d’une affaire bizarre

En 1906, alors qu’il se trouve à New-York City, William Smith a l’occasion de lire dans une revue le récit du procès d’un nommé Albert P. Patrick, impliqué dans le décès d’un certain Rice, homme de quatre-vingt cinq an, grabataire, mort, selon son médecin, de mort naturelle. Un ancien serviteur de Rice, nommé Jones, confesse qu’Albert Patrick l’a incité à tuer le vieil homme. Il l’a fait en forçant Rice à inhaler du chloroforme. Le motif est l’argent : il existe en effet un testament contrefait de Rice en faveur de Patrick.

L’accusation reposait entièrement sur le témoignage de Jones et sur l’opinion du pathologiste selon laquelle les poumons du défunt étaient congestionnés, conséquence, pensait-il, de l’inhalation de chloroforme. Dans les quelques heures qui suivirent la mort de Rice, personne ne pensait à un meurtre, par conséquent, le corps avait été embaumé en injectant un liquide d’embaumement dans le système artériel.
Patrick fut condamné à mort et la sentence fut confirmée par la cour d’appel de New-York en juin 1905. La politique et certains politiciens s’impliquèrent dans l’affaire et demandèrent la réouverture du dossier de Patrick. La défense affirmait que la congestion dans les poumons ne pouvait avoir été détectée, étant donné qu’ils avaient été inondés de liquide d’embaumement. L’accusation objectait que le liquide d’embaumement injecté dans une artère n’atteignait jamais les poumons.
Cette dernière affirmation attira l’attention de William Smith. Il proposa immédiatement ses services pour démontrer le contraire. Ses déclarations furent publiées en janvier 1907 sous la forme d’un entretien dans le Sunnyside, une revue professionnelle new-yorkaise destinée aux ordonnateurs de pompes funèbres. L’entretien fut reproduit en deux parties, dans le Journal of Osteopathy de janvier et février 1907. Quelques années plus tard, la peine de Patrick fut commuée, mais il ne fut libéré qu’en 1914.
Dans l’entretien, Smith faisait allusion à son article « Sciagraphie et circulation » dans lequel il démontrait qu’une injection artérielle périphérique de produit de contraste atteignait effectivement la circulation pulmonaire. De plus, Smith présentait deux sciagraphies (qui n’étaient pas reproduites dans l’article original), montrant l’ensemble du corps après injection d’un produit de contraste. Le texte complet de son article de 1898 fut intégralement reproduit en 1907 dans le Sunnyside et dans le Journal of Osteopathy.
Dans l’entretien, Smith déclarait avoir personnellement embaumé et/ou autopsié plus d’un millier de corps. Il rappela également qu’il avait été élève du fameux expert médico-légal Sir Henry Duncan Littlejohn (1828-1914) (Grigg, 1967, 175-176).

En juin 1907, William Smith est de retour à Kirksville, enseignant l’anatomie. Le Journal of Osteopathy manifeste sa satisfaction en reproduisant un portrait de l’homme mûr Smith en première page du numéro de ce mois. Le numéro suivant (juillet 1907), publie un article rédigé par Smith qui, après avoir écrit à ses anciens professeurs à propos du cas de Patrick, présente leurs commentaires favorables, plusieurs portraits et autographes.


Dernières années

Smith demeure à Kirksville les trois années qui suivent. Il prépare une conférence sur l’histoire de l’ostéopathie qu’il présente en décembre 1907.

Mais il a maintenant une épouse et deux fils et désire gagner plus d’argent que ne lui en procure son maigre salaire d’enseignant. En 1910, alors âgé de 48 ans, il déménage à New-York City et y ouvre un cabinet privé au 229 East 39th Street. Le résultat est tout à fait semblable aux précédentes tentatives. Dégoûté, il traverse l’Atlantique et s’établit à Dundee, en Écosse. Sa plaque ne demeure pas longtemps accrochée : il décède de pneumonie en 1912.

Croissance de l’ostéopathie

Alors que William Smith est encore en vie, les théoriciens de l’ostéopathie luttent durement pour séparer leur discipline de ce qu’ils considèrent comme d’autres systèmes, par exemple l’allopathie (le système orthodoxe) ; l’homéopathie (les drogues en grande dilution) ; la naturopathie (enfants de la nature) ; et la naprapathy (les chiropraticiens manipulateurs). Ces derniers sont la cible favorite du vieux Journal of Osteopathy : la méthode chiropractique y est considérée comme une partie de l’ostéopathie rebaptisée et ses praticiens sont appelés par dérision fakeopaths.10

Still a vécu jusqu’en 1917. Alors qu’il est président du Kirksville College, à peu près cinq mille docteurs en ostéopathie en sortiront diplômés. Parmi eux, Arthur Grant Hildreth (1863-1941) qui apportera une contribution majeure en amenant la légalisation de l’ostéopathie dans le Missouri, le Michigan, l’Iowa, l’Ohio et ainsi de suite ; Charles Hazzard (1871-1938), qui rédigera le premier manuel d’ostéopathie en 1898 ; Jenette Hubbard Bolles (1863-1930), la première femme ostéopathe ; et George Washington Riley (1866-1954) qui réussit à ajouter la définition de l’ostéopathie dans l’édition de 1908 de la Century Encyclopedia, aidant ainsi l’ostéopathie à acquérir un statut dans l’opinion. Et en 1908, un journal de St Louis lance un sondage parmi ses lecteurs ; plus de vingt mille d’entre-eux répondent se déclarant favorables à l’attribution du prix Nobel de médecine et de physiologie à Still.

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Publicité pour le dispensaire de Kirksville Journal of Osteopathy (décembre 1898)

Cette période sera également marquée par de nombreux conflits au sein de l’équipe dirigeante et enseignante de l’ASO. Une partie de ces conflits implique encore William Smith qui, en tant que médecin diplômé, se joindra souvent aux revendications des frères Littlejohn désirant introduire des notions typiquement médicales à l’enseignement de l’ostéopathie, contre l’avis de Still. Cette tendance finira par l’ostéopathie américaine en mal de reconnaissance vers la médecine. On sait ce qu’il en est advenu...

Bibliographie

Booth, Emmons Rutledge, 1905. History of Osteopathy and Twentieth-Century Medicine. Caxton Press, Cincinnati, 480 p., ISBN : -.
Comeaux, Zachary, 2008.
Incendie sur la prairie. Pierre Tricot, Granville, 250 p., ISBN : 978-2-9509175-3-9.
Grigg, E. R. N. « 
Peripatetic Pioneer: William Smith, M.D., D.O. (1862-1912) » Article paru dans le Journal of History of Mecidine and Allied Sciences, XXII (2), 1967, pp. 169-179. Traduction Pierre Tricot, juin 2013.
Hildreth, Arthur Grant, 1942.
The Lengthening Shadow of Dr. Andrew Taylor Still. Simpson Printing Company, Kirksville, Missouri, ISBN-
Schnucker, R. V., 1991.
Early Osteopathy. The Thomas Jefferson University Press, Kirksville, Missouri, , ISBN : 0-943549-11-6.
Still, Andrew Taylor, 1998.
Autobiographie. Sully, Vannes, 362 p., ISBN : 2-911074-08-4.
Still, Charles, 1991.
Frontier Doctor, Medical Pioneer. The Thomas Jefferson University Press, Kirksville, Missouri, , ISBN : 0-943549-13-2.
Trowbridge, Carol, 1999.
La Naissance de l'ostéopathie. Sully, Vannes, 292 p., ISBN : 2-911074-16-5.


 1 C’est l’époque de l’arrivée de l’électricité dans les régions les plus rurales. Still, séduit par cette nouvelle technologie l’utilisera souvent dans ses analogies.

2 Au moment où Smith écrit ces lignes, il vient de passer quatre ans en tant que praticien à Kansas City.

3 Il est connu que Still disséquait des corps d’indiens : « J'avais emprunté des livres, mais je retournai au grand livre de la nature, mon maître d'études. Le poète a dit que ‘le plus grand sujet d'étude pour l'homme, c'est l'homme.’ Je croyais cela et le croirais même s'il ne l'avait pas dit. Le meilleur moyen d'étudier l'homme consiste à disséquer quelques corps.

Mes spécimens d'étude étaient des corps exhumés des cimetières indiens. De jour comme de nuit, je parcourais la région avec une pelle, parfois au clair de lune, parfois durant le jour, je déterrais des indiens morts et utilisais leurs corps pour le bien de la science. Quelqu'un a dit que la fin justifie les moyens et j'adoptais cette théorie pour calmer ma conscience. Les indiens morts n'objectèrent jamais de devenir de bons exemples pour le développement de la science. Leurs proches n'en savaient rien; et comme ‘il est fou de troubler l'ignorance heureuse’ et que le savoir obtenu par cette recherche m'a aidé à soulager des milliers d'hommes souffrants, évitant à beaucoup la mort, je ne laisserais pas ma tranquillité d'esprit être perturbée par la pensée que j'obtins autrefois mon savoir grâce à des os d'indiens. » (Autobiographie, p. 73).

Et : « Cette étude de nos corps a toujours été pour moi un sujet fascinant. J'aime l'étude et je l'ai toujours suivie avec zèle. Tant que je ne fus pas satisfait, j'exhumai et disséquai indien après indien. Je fis des centaines d'expériences avec des os, jusqu'à devenir très familier de leur structure. » (Autobiographie p. 74).

Et : « Il y a de nombreuses années, je déterrai les squelettes l'un après l'autre du sable des tumulus indiens et les étudiai jusqu'à devenir familier avec l'usage et la structure de chaque os du système humain. À partir de là, je me lançai dans l'étude des muscles, ligaments, tissus, artères, etc. » (Autobiographie p. 202).

4 Le comté de Cook (Cook County) est un comté situé au nord-Est de l'État de l'Illinois. L’essentiel de ses résidents habitent la ville de Chicago qui se trouve dans ce comté. Les comtés mitoyens sont appelés les « Collar Counties » ; ils comprennent la plupart des banlieues de Chicago.

5 Charles Still Sr, le fils aîné de Still, alors directeur administratif du collège.

6 Le Chicago, Burlington and Quincy Railroad était une compagnie de chemin de fer du Midwest des États-Unis. Communément appelé le Burlington ou le Q. Le parcours du Burlington couvrait une large région, incluant la traversée des états du Colorado, Illinois, Iowa, Kentucky, Missouri, Montana, Nebraska, Wisconsin, Wyoming, et aussi du New Mexico et du Texas grâce à des voies secondaires du Colorado du Southern Railway, du Fort Worth and Denver Railway, et du Burlington-Rock Island Railroad.

7 Les chasseurs de prime existaient encore à cette époque...

8 Sciagraphie ; radiographie (N.d.T.).

9 Le premier fut John Martin Littlejohn (1867-1947), fils d’une prêtre ordonné, lui-même prêtre ordonné qui, en 1898, devint professeur de physiologie, de psychologie et de psychiatrie à l’American School of Osteopathy. L’autre fut James Buchanan Littlejohn (1869-1947), également natif de Glasgow, possédant un diplôme médical de Glasgow ; il enseigna l’histologie, la bactériologie, la pathologie et la petite chirurgie à Kirksville.
En 1900, les trois frères déménagèrent à Chicago et y fondèrent un hôpital et un collège d’ostéopathie qui est aujourd’hui le Chicago College of Osteopathy. John Martin Littlejohn fonda et édita le magazine Osteopathic World, publié à Minneapolis. Après seulement quelques années, David Littlejohn quitta Chicago et l’ostéopathie et s’occupa de santé publique. Il tint différents postes dans l’état de West Virginia et du Michigan jusqu’à sa mort en 1953 (N.d.A.).

10 Fakeopath : néologisme évidemment intraduisible, mais que l’on peut comprendre si l’on sait que to fake veut dire « contrefaire » en anglais (N.d.T.).