William Smith - Dernières années

Index de l'article

Dernières années

Smith demeure à Kirksville les trois années qui suivent. Il prépare une conférence sur l’histoire de l’ostéopathie qu’il présente en décembre 1907.

Mais il a maintenant une épouse et deux fils et désire gagner plus d’argent que ne lui en procure son maigre salaire d’enseignant. En 1910, alors âgé de 48 ans, il déménage à New-York City et y ouvre un cabinet privé au 229 East 39th Street. Le résultat est tout à fait semblable aux précédentes tentatives. Dégoûté, il traverse l’Atlantique et s’établit à Dundee, en Écosse. Sa plaque ne demeure pas longtemps accrochée : il décède de pneumonie en 1912.

Croissance de l’ostéopathie

Alors que William Smith est encore en vie, les théoriciens de l’ostéopathie luttent durement pour séparer leur discipline de ce qu’ils considèrent comme d’autres systèmes, par exemple l’allopathie (le système orthodoxe) ; l’homéopathie (les drogues en grande dilution) ; la naturopathie (enfants de la nature) ; et la naprapathy (les chiropraticiens manipulateurs). Ces derniers sont la cible favorite du vieux Journal of Osteopathy : la méthode chiropractique y est considérée comme une partie de l’ostéopathie rebaptisée et ses praticiens sont appelés par dérision fakeopaths.10

Still a vécu jusqu’en 1917. Alors qu’il est président du Kirksville College, à peu près cinq mille docteurs en ostéopathie en sortiront diplômés. Parmi eux, Arthur Grant Hildreth (1863-1941) qui apportera une contribution majeure en amenant la légalisation de l’ostéopathie dans le Missouri, le Michigan, l’Iowa, l’Ohio et ainsi de suite ; Charles Hazzard (1871-1938), qui rédigera le premier manuel d’ostéopathie en 1898 ; Jenette Hubbard Bolles (1863-1930), la première femme ostéopathe ; et George Washington Riley (1866-1954) qui réussit à ajouter la définition de l’ostéopathie dans l’édition de 1908 de la Century Encyclopedia, aidant ainsi l’ostéopathie à acquérir un statut dans l’opinion. Et en 1908, un journal de St Louis lance un sondage parmi ses lecteurs ; plus de vingt mille d’entre-eux répondent se déclarant favorables à l’attribution du prix Nobel de médecine et de physiologie à Still.

AT-Still-Infirmary

Publicité pour le dispensaire de Kirksville Journal of Osteopathy (décembre 1898)

Cette période sera également marquée par de nombreux conflits au sein de l’équipe dirigeante et enseignante de l’ASO. Une partie de ces conflits implique encore William Smith qui, en tant que médecin diplômé, se joindra souvent aux revendications des frères Littlejohn désirant introduire des notions typiquement médicales à l’enseignement de l’ostéopathie, contre l’avis de Still. Cette tendance finira par l’ostéopathie américaine en mal de reconnaissance vers la médecine. On sait ce qu’il en est advenu...

Bibliographie

Booth, Emmons Rutledge, 1905. History of Osteopathy and Twentieth-Century Medicine. Caxton Press, Cincinnati, 480 p., ISBN : -.
Comeaux, Zachary, 2008.
Incendie sur la prairie. Pierre Tricot, Granville, 250 p., ISBN : 978-2-9509175-3-9.
Grigg, E. R. N. « 
Peripatetic Pioneer: William Smith, M.D., D.O. (1862-1912) » Article paru dans le Journal of History of Mecidine and Allied Sciences, XXII (2), 1967, pp. 169-179. Traduction Pierre Tricot, juin 2013.
Hildreth, Arthur Grant, 1942.
The Lengthening Shadow of Dr. Andrew Taylor Still. Simpson Printing Company, Kirksville, Missouri, ISBN-
Schnucker, R. V., 1991.
Early Osteopathy. The Thomas Jefferson University Press, Kirksville, Missouri, , ISBN : 0-943549-11-6.
Still, Andrew Taylor, 1998.
Autobiographie. Sully, Vannes, 362 p., ISBN : 2-911074-08-4.
Still, Charles, 1991.
Frontier Doctor, Medical Pioneer. The Thomas Jefferson University Press, Kirksville, Missouri, , ISBN : 0-943549-13-2.
Trowbridge, Carol, 1999.
La Naissance de l'ostéopathie. Sully, Vannes, 292 p., ISBN : 2-911074-16-5.


 1 C’est l’époque de l’arrivée de l’électricité dans les régions les plus rurales. Still, séduit par cette nouvelle technologie l’utilisera souvent dans ses analogies.

2 Au moment où Smith écrit ces lignes, il vient de passer quatre ans en tant que praticien à Kansas City.

3 Il est connu que Still disséquait des corps d’indiens : « J'avais emprunté des livres, mais je retournai au grand livre de la nature, mon maître d'études. Le poète a dit que ‘le plus grand sujet d'étude pour l'homme, c'est l'homme.’ Je croyais cela et le croirais même s'il ne l'avait pas dit. Le meilleur moyen d'étudier l'homme consiste à disséquer quelques corps.

Mes spécimens d'étude étaient des corps exhumés des cimetières indiens. De jour comme de nuit, je parcourais la région avec une pelle, parfois au clair de lune, parfois durant le jour, je déterrais des indiens morts et utilisais leurs corps pour le bien de la science. Quelqu'un a dit que la fin justifie les moyens et j'adoptais cette théorie pour calmer ma conscience. Les indiens morts n'objectèrent jamais de devenir de bons exemples pour le développement de la science. Leurs proches n'en savaient rien; et comme ‘il est fou de troubler l'ignorance heureuse’ et que le savoir obtenu par cette recherche m'a aidé à soulager des milliers d'hommes souffrants, évitant à beaucoup la mort, je ne laisserais pas ma tranquillité d'esprit être perturbée par la pensée que j'obtins autrefois mon savoir grâce à des os d'indiens. » (Autobiographie, p. 73).

Et : « Cette étude de nos corps a toujours été pour moi un sujet fascinant. J'aime l'étude et je l'ai toujours suivie avec zèle. Tant que je ne fus pas satisfait, j'exhumai et disséquai indien après indien. Je fis des centaines d'expériences avec des os, jusqu'à devenir très familier de leur structure. » (Autobiographie p. 74).

Et : « Il y a de nombreuses années, je déterrai les squelettes l'un après l'autre du sable des tumulus indiens et les étudiai jusqu'à devenir familier avec l'usage et la structure de chaque os du système humain. À partir de là, je me lançai dans l'étude des muscles, ligaments, tissus, artères, etc. » (Autobiographie p. 202).

4 Le comté de Cook (Cook County) est un comté situé au nord-Est de l'État de l'Illinois. L’essentiel de ses résidents habitent la ville de Chicago qui se trouve dans ce comté. Les comtés mitoyens sont appelés les « Collar Counties » ; ils comprennent la plupart des banlieues de Chicago.

5 Charles Still Sr, le fils aîné de Still, alors directeur administratif du collège.

6 Le Chicago, Burlington and Quincy Railroad était une compagnie de chemin de fer du Midwest des États-Unis. Communément appelé le Burlington ou le Q. Le parcours du Burlington couvrait une large région, incluant la traversée des états du Colorado, Illinois, Iowa, Kentucky, Missouri, Montana, Nebraska, Wisconsin, Wyoming, et aussi du New Mexico et du Texas grâce à des voies secondaires du Colorado du Southern Railway, du Fort Worth and Denver Railway, et du Burlington-Rock Island Railroad.

7 Les chasseurs de prime existaient encore à cette époque...

8 Sciagraphie ; radiographie (N.d.T.).

9 Le premier fut John Martin Littlejohn (1867-1947), fils d’une prêtre ordonné, lui-même prêtre ordonné qui, en 1898, devint professeur de physiologie, de psychologie et de psychiatrie à l’American School of Osteopathy. L’autre fut James Buchanan Littlejohn (1869-1947), également natif de Glasgow, possédant un diplôme médical de Glasgow ; il enseigna l’histologie, la bactériologie, la pathologie et la petite chirurgie à Kirksville.
En 1900, les trois frères déménagèrent à Chicago et y fondèrent un hôpital et un collège d’ostéopathie qui est aujourd’hui le Chicago College of Osteopathy. John Martin Littlejohn fonda et édita le magazine Osteopathic World, publié à Minneapolis. Après seulement quelques années, David Littlejohn quitta Chicago et l’ostéopathie et s’occupa de santé publique. Il tint différents postes dans l’état de West Virginia et du Michigan jusqu’à sa mort en 1953 (N.d.A.).

10 Fakeopath : néologisme évidemment intraduisible, mais que l’on peut comprendre si l’on sait que to fake veut dire « contrefaire » en anglais (N.d.T.).