... À aujourd’hui
J'aimerais évoquer rapidement les principaux auteurs auxquels je me suis référé dans la poursuite de mon chemin à la recherche d'une cohérence. Ils sont nombreux, mais parmi eux, plusieurs émergent comme essentiels. C'est de ceux là que je désire parler.
Edgar Morin [2] m'accompagnait déjà lors de la rédaction du premier ouvrage sur l'approche tissulaire. Il m'a ouvert l'accès aux concepts de complexité et d'hypercomplexité qu'il fonde sur trois piliers : la théorie de l'information, la cybernétique et la théorie des systèmes. Dérogeant au sacro-saint principe du tiers exclu [3], Morin développe également le principe dialogique qui, au lieu d'opposer les contraires, se propose de les faire communiquer, échanger. De là naît une attitude cherchant à englober, rassembler plutôt qu'à séparer. Grâce à Morin, j'ai pu comprendre le désir de globalité de Spencer et de Still, mettre en application le principe selon lequel le regard englobant est le meilleur moyen d'étudier, de penser et de vivre le complexe.
Jean Charon, [4]en développant le modèle d'un univers fondé sur l'Esprit, m'a permis d'oser aborder l'interprétation du monde de « l'autre » point de vue : plutôt que l'observer et conclure que de son évolution naît la conscience, il nous propose le chemin inverse. La conscience crée le monde, y compris le monde physique qui, de ce fait doit être considéré comme vivant. L'évolution du créé permet ensuite à la conscience de prendre conscience de son existence et de se connaître en tant que conscience. Still exprime une intuition analogue dans Biogène : « On dit que 'toute matière est substance vivante'. Nous ne connaissons la vie qu’à travers le mouvement des corps matériels. » (Still, 2003, 265). D'autres que Charon ont émis des hypothèses similaires, mais il s'agit d'un physicien de haut niveau et sa démarche est de nature dialogique : à la fois philosophique, spirituelle et scientifique, elle relie le haut et le bas du cône au lieu de les opposer. C'est une des raisons qui m'y a rendu sensible.
Stéphane Lupasco, [5]diverge, lui aussi, de la pensée aristotélicienne. Il affirme que principes d'exclusion et tiers exclus ne sont que des cas particuliers et propose, au contraire, les logiques du contradictoire et du tiers inclus. Rapporté au concept A versus Non-A, cela signifie que l’absolu n’existe pas et que dans A existe toujours une partie, si petite soit-elle, de non-A (ou une partie de A dans Non-A). De cette logique est issu un modèle faisant naître la matière de l'énergie. Celle-ci crée des systèmes de plus en plus complexes donnant à expérimenter trois matières (physique, biologique, neuro-psychique).